Dubaï : le niveau de CO2 pourrait être le seul gagnant de la crise

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és municipaux enterrent une conduite d’eau sur une plage de Dubaï (Photo : Karim Sahib)

[06/12/2009 11:04:13] DUBAI (AFP) La baisse de l’activité économique due à la crise financière à Dubaï pourrait avoir un effet bénéfique pour la lutte contre les gaz à effet de serre, mais beaucoup reste à faire dans l’émirat où le bâtiment bat son plein depuis des années et où le véhicule 4X4 est roi.

Les Emirats arabes unis, dont fait partie Dubaï, ont la plus grande empreinte carbone au monde par habitant, affirme le rapport Living Planet du Fonds mondial pour la nature (WWF), selon lequel ce pays doit réduire ses émissions de 75%.

“Dubaï, c’est tout simplement une catastrophe environnementale”, estime John Foster, membre des Verts britanniques qui a travaillé trois ans et demi dans la ville-émirat.

L’empreinte écologique des Emirats (la surface nécessaire pour produire les ressources et pour absorber les déchets produits par la population) représente 9,5 hectares globaux par habitant (hag/hab), un chiffre qui les place devant les Etats-Unis.

Or, dans son rapport de fin 2008, le WWF souligne que la moyenne mondiale doit être réduite à moins de 2,1 hag/hab.

Massoud Ahmed, directeur du département Moyen-Orient au Fonds monétaire international (FMI), déclarait la semaine dernière au quotidien Financial Times que l’économie de Dubaï pourrait se contracter en 2010, après l’annonce le 25 novembre d’une demande de moratoire de six mois du conglomérat public Dubai World sur une partie de ses dettes.

Pour réduire ses émissions de carbone, Dubaï a d’ores et déjà pris des mesures pratiques.

En septembre, l’émirat a inauguré sa première ligne de métro, et une deuxième doit être mise en service en 2010. Un tramway est également en projet.

Mais pour M. Foster, ancien rédacteur en chef de Banker Middle East, une revue adressée au secteur bancaire, “c’est de la poudre aux yeux, des relations publiques (…), ce dans quoi Dubaï est passé maître”.

“Dubaï est la ville des excès en tous genres. En arrivant de l’aéroport vous pouvez voir des pelouses parfaitement entretenues et un parcours de golf, tous imbibés d’eau…” dans un pays qui en manque dramatiquement, note-t-il.

“On peut voir aussi des alignements de tours sur la route de +New Dubaï+, la ville nouvelle gagnée sur la mer, en sacrifiant de rares récifs de coraux”, souligne-t-il.

Et puis, les Dubaïotes ne vont pas troquer leur 4X4 contre le métro, en raison du statut social que confère ce type de véhicule, avance-t-il.

Mais, selon un modèle déjà observé à l’échelle planétaire, Phil Dickie, du service de presse du WWF, souligne que son organisation s’attend à une baisse des émissions de CO2 de Dubaï en cas de ralentissement de son économie.

Tout en soulignant que les Emirats ont encore beaucoup à faire, il estime que leurs dirigeants commencent à agir, citant en exemple le projet Masdar, une cité écologique en construction sur une surface de 6,5 km2 dans l’émirat voisin d’Abou Dhabi.

Cette cité, dont la construction va coûter 22 milliards de dollars, fonctionnera exclusivement au moyen d’énergies renouvelables. Elle doit être achevée en 2015 et comptera 55.000 habitants.

En juin, l’émirat pétrolier d’Abou Dhabi a en outre été choisi pour accueillir le siège de l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (Irena).

Les Emirats s’étaient auparavant engagés à accorder des prêts à hauteur de 50 millions de dollars par an à des pays en développement pour y promouvoir les énergies renouvelables.