Réunion cruciale à Bercy pour remettre à flot l’armateur français CMA CGM

[26/11/2009 20:12:23] PARIS (AFP)

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çais CMA-CGM, le 16 juillet 2009 au Havre (Photo : Mychèle Daniau)

Des négociations cruciales pour renflouer l’armateur français CMA CGM, numéro trois mondial du fret maritime qui croule sous les dettes, se sont déroulées jeudi à Bercy, en présence des créanciers et d’investisseurs privés potentiels.

Plusieurs réunions avaient déjà eu lieu ces dernières semaines au ministère de l’Economie pour se pencher sur le sort de l’armateur, l’un des premiers employeurs privés de la région marseillaise.

Evoquée jeudi matin par Les Echos et Libération, cette nouvelle rencontre “sur la recapitalisation de CMA CGM”, avec des “investisseurs privés”, a été confirmée à l’AFP par une source proche du dossier, sous couvert d’anonymat.

Selon un participant, elle pourrait se prolonger vendredi, voire ce week-end.

Ce ne sera “ni la première, ni la dernière”, a prédit de son côté une source bancaire. Bercy n’a pas souhaité faire de commentaire.

L’armateur, qui a 16.500 salariés dans le monde, dont 4.000 en France, a été touché de plein fouet, comme ses concurrents, par le déclin du commerce mondial provoqué par la crise il y a un an: faute de clients, les volumes et les tarifs du transport des conteneurs ont dramatiquement chuté.

Avec un chiffre d’affaires de 15,1 milliards de dollars l’an dernier, le groupe familial ploie sous une dette de de plus de 5 milliards de dollars (3,4 mds d’euros environ).

Alors qu’il a à sa disposition près de 360 bateaux, il négocie actuellement le report de la livraison de 49 navires prévue d’ici à 2012 auprès de chantiers navals coréens.

CMA CGM a reconnu dernièrement rechercher des investisseurs qui puissent entrer à son capital à hauteur de 300 à 400 millions de dollars.

Selon des sources concordantes, participaient à la rencontre de jeudi les banques créancières, dont les françaises Société Générale, Natixis et BNP, le fonds d’investissement américain Apollo et le français Louis Dreyfus Armateurs, spécialisé dans le transport de vracs, mais aussi chargeur de CMA CGM.

Le groupe français Bolloré, principal chargeur de CMA CGM et régulièrement cité comme investisseur potentiel, a dit à l’AFP n’être “pas intéressé par la filière maritime de CMA CGM”.

Parmi les éventuelles sociétés intéressées, sont souvent mentionnés le fonds français Butler Capital et la banque américaine Goldman Sachs.

Par ailleurs, Le Figaro évoque de nouveau jeudi une prochaine entrée au capital du Fonds stratégique d’investissement (FSI, fonds public).

“Un investissement dans CMA CGM entre dans notre mission” mais ne pourrait pas “intervenir avant une restructuration de la dette, qui est un préalable”, tempère-t-on cependant au FSI.

La possible arrivée de fonds privés inquiète les syndicats. “Ils demandent une rentabilité la plus forte possible avec toutes les conséquences que cela pourrait entraîner au niveau de l’emploi”, explique le délégué des officiers de l’Ugict-CGT Yves Tréméac.

Plusieurs solutions sont à l’étude pour sauver le groupe, telle qu’une augmentation de capital permettant l’arrivée d’investisseurs ou l’émission d’obligations convertibles en parts de capital, en cas de non remboursement.

En contrepartie de l’aide de l’Etat et des banques serait évoquée une évolution de la gouvernance de CMA CGM, actuellement entre les mains de la famille Saadé dont le patriarche, Jacques, est le fondateur du groupe.

Parmi les personnes pressenties pour prendre le poste de directeur général, l’ancien PDG de Thales, Denis Ranque. “Il était mercredi à Marseille, siège de l’armateur, au même titre que d’autres candidats”, selon une source proche du dossier.