Tunisie – Tourisme : Ridha Sfaxi, DG du BMNT “… Nous avons été incapables de répondre aux attentes d’un secteur en perpétuelles transformations”

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: Quel est le défi le plus important que se doit de relever le Programme de Mise
à Niveau Touristique (PMNH)?

Ridha Sfaxi : Le cœur de la problématique est clair : il s’agit de remédier aux
défaillances de notre parc hôtelier et de proposer des plans d’action qui
élèveront son niveau de compétitivité. Il est urgent de répondre aux exigences
du marché et d’assurer la satisfaction des clients

Quelle évaluation faites-vous de ce programme ? A quel stade est-il ?

Actuellement, nous sommes dans une phase d’évaluation du programme pilote. Une
enquête a d’ailleurs été lancée dans ce sens. Auprès des 45 projets approuvés
par le COPIL (Comité de pilotage) et au vu des premiers résultats, nous sommes
sur la bonne voie.

La plupart des établissements traités ont amélioré leurs performances
d’hébergement et de rentabilité. Ils en redemandent et incitent leurs confrères
à suivre le même processus. Le nombre de ceux qui adhèrent devient de plus en
plus important, malgré des conditions d’accès jugées par les hôteliers assez
contraignantes.

Pionnière du tourisme jusqu’au années 80, comment expliquez-vous le retard
qu’accuse désormais la destination en termes de service, d’image, de qualité, de
diversification de concepts… ?

La Tunisie a été et demeure un modèle de développement. Depuis quelques années,
nous avons enregistré un essoufflement dans nos performances ainsi qu’une
dégradation de notre image de marque. Face à des concurrents qui ont mis le
paquet et l’apparition de nouvelles destinations, nous avons été incapables
d’évoluer et de répondre aux attentes d’un secteur en perpétuelles
transformations.

La situation est aussi la conséquence d’une autosatisfaction de la part de nos
hôteliers. Compte tenu des rapports privilégiés qu’ils entretenaient avec la
majorité des responsables des tour-opérateurs, ils parvenaient à vendre leurs
produits sans grands efforts. Il faut dire que le produit de l’époque répondait
parfaitement aux besoins du marché. Sauf qu’entre temps, les données ont changé.
Ils n’ont pas pu anticiper les mutations. Le tourisme passant à l’étape de
l’industrialisation, le jeu des absorptions-dissolutions a pris le relais sur
les rapports humains. Les événements de septembre 2001 et ceux de Djerba 2002
ont consommé un secteur malade.

Il est clair que nous sommes tous restés déconnectés de cette réalité. Nous
n’avons pas réagi immédiatement. Redresser la situation est désormais une
priorité absolue. La plus haute instance du pays a concrétisé cet impératif par
différentes mesures.

Le PMNH, initié en 2005, a été généralisé depuis le début de l’année 2008. Une
campagne de
classification des hôtels selon de nouvelles normes de classement
est en cours. Professionnels et Administration travaillent main dans la main
pour aller de l’avant.

L’hôtellerie et le tourisme tunisien sauront-ils relever le défi?

Assurément. Tous les efforts sont déployés dans ce sens. Il est urgent de
soutenir la nouvelle vague d’entrepreneurs du tourisme tunisien. Ils se doivent
d’être à la hauteur de celle qui a construit le tourisme dans notre pays. Cette
génération aura la lourde tâche de relever le défi de la qualité et d’œuvrer à
sa relance.