Etats-Unis : semaine de doutes sur la vitalité de la croissance

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éricaine (Fed), Ben Bernanke, le 8 octobre 2009 à Washington (Photo : Mark Wilson)

[21/11/2009 10:31:34] WASHINGTON (AFP) Les doutes sur la vitalité de la croissance aux Etats-Unis ont refait surface cette semaine avec plusieurs indicateurs économiques décevants et une mise en garde du chef de la banque centrale américaine.

“Il est possible qu’il faille encore quelques mois avant que l’embauche reparte pour de bon aux Etats-Unis. Tant que ça ne sera pas arrivé, les investisseurs ne devraient pas être convaincus de la viabilité de la reprise”, estiment Piero Ghezzi et Christian Broda, économistes de Barclays Capital, dans une note.

Annoncée mercredi, la chute surprise des mises en chantier de logements en octobre, qui a effacé presque six mois de gains, est venue rappeler que le rétablissement complet du marché immobilier prendrait du temps, alors qu’il est primordial pour asseoir la croissance.

“Un temps considérable” même, si l’on en croit Sandra Pianalto, l’une des dirigeantes de la banque centrale (Fed).

Autre déception, la hausse de la production industrielle (+0,1% en octobre), a été beaucoup moins forte que prévu et due uniquement au secteur de l’énergie, la production des mines et des manufactures ayant reculé pour la première fois en quatre mois.

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à Lancaster, en Californie. (Photo : David Mcnew)

Les chiffres des ventes de détail, ont montré un fort rebond en octobre (+1,4%) mais celui-ci n’a pas effacé le recul de septembre ni les craintes que la consommation des ménages ne puisse jouer son rôle traditionnel de moteur de la croissance avant un certain temps.

Les Etats-Unis sont sortis pendant l’été de la récession dans laquelle ils étaient entrés en décembre 2007.

Le fort ralentissement de l’indice composite du Conference Board (publié jeudi), censé préfigurer l’évolution de la conjoncture du semestre à venir, laisse penser que la croissance du PIB se poursuit au quatrième trimestre, mais qu’elle devrait être inférieure aux 3,5% en rythme annuel observés au troisième.

Pour les économistes du cabinet IHS Global Insight, la semaine a fait apparaître “la fragilité des fondations de la croissance”.

Les autorités politiques et monétaires ne cessent de répéter que les Etats-Unis ne sont pas tirés d’affaire, et le président de la Fed, Ben Bernanke l’a redit lundi sans détours.

Le redressement de l’économie résulte “plus que de facteurs purement temporaires”, mais la croissance devrait suivre un rythme “modéré” en 2010, a-t-il estimé.

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ésidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, lors d’une conférence de presse, le 17 novembre 2009 à Washington (Photo : Nicholas Kamm)

Surtout, le chef de la Fed a fait part des “grandes inquiétudes” que sucitent en lui “la faiblesse de l’activité de prêt des banques et la hausse continue du chômage”, dont le taux atteignait 10,2% fin octobre, du jamais vu depuis 1983.

Pour M. Bernanke, “le mieux que l’on puisse dire à propos du marché du travail à l’heure actuelle est que sa dégradation pourrait se faire plus lentement”.

Sur les marchés financiers, des difficultés persistent. En ont témoigné cette semaine la ruée continue des investisseurs vers l’or, et un rendement négatif sur le marché obligataire pour une obligation d’Etat américaine à deux mois (-0,03%), deux signes montrant que les capitaux ne savent pas encore bien à quel saint se vouer.

Le président américain Barack Obama n’a guère fait preuve d’optimisme non plus, en évoquant, avec beaucoup de conditionnels il est vrai, l’éventualité d’une “récession en double creux” si les Etats-Unis continuent “à s’endetter toujours plus”.

A Washington, la présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, a indiqué jeudi que les députés préparaient de nouvelles mesures de relance pour favoriser l’emploi, tout en réfléchissant à la réduction du déficit.