L’accès à internet dans sa langue peut être un facteur de vie ou de mort

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Un ordinateur portable (Photo : Justin Sullivan)

[18/11/2009 11:04:37] CHARM EL-CHEIKH (AFP) L’incapacité à accéder à internet dans sa propre langue peut avoir des conséquences graves, voire fatales, pour les millions de personnes parlant des idiomes absents du web, a souligné un forum international sur internet en Egypte.

“Le manque d’accès à l’information, aux services publics, peut constituer un risque mortel, menacer la santé”, a prévenu Dwayne Bailey, de l’association African Network for Localisation (ANLoc) devant ce forum qui se tient à Charm el-Cheikh, une station balnéaire de la mer Rouge.

Il a cité l’exemple des consignes sanitaires vitales que les autorités d’Afrique du sud postent sur leur site internet en anglais “dans l’espoir que la plupart des gens comprendront”.

“Or il y a en Afrique 2.000 idiomes différents parlés par un milliard de personnes. Seulement 15 langues sur ce continent sont parlées par plus de 10 millions de personnes, et pratiquement aucune n’est présente de manière significative” dans le monde de l’information en ligne, souligne-t-il.

Le multilinguisme sur internet est dès lors une question qu’il faut impérativement aborder si l’on veut que cet outil soit adapté aux besoins et aux capacités de nombreuses populations, ajoute M. Bailey.

Lundi, le cyberespace a fait un pas dans cette direction avec l’ouverture des demandes pour des noms de domaines qui ne soient plus seulement en alphabet latin.

“C’est un moment historique”, a déclaré à Charm el-Cheikh Rod Beckstrom, le patron de l’Icann, l’organisme américain gestionnaire d’internet et des noms de domaines. “Sur 1,6 milliard d’usagers d’internet, plus de la moitié ont une langue maternelle qui n’utilise pas un alphabet latin”, a-t-il souligné.

Le Caire a annoncé lors de ce forum le lancement du domaine internet .misr (Egypte en arabe), qui deviendra le premier en caractères arabes. La Russie a également déjà des projets similaires.

Mais pour M. Bailey, la typographie des noms de domaines n’est pas le seul problème à résoudre.

“On part du principe que toutes les langues peuvent être écrites sur un clavier”, ce qui n’est possible pour certaines, souligne le responsable de l’ANLoc, qui a mis au point des claviers spéciaux pour certains idiomes.

Pour certaines langues africaines il n’existe pas non plus de logiciels, ou très rarement, a-t-il insisté.

“Comment partager avec un agriculteur une innovation scientifique si cette information n’est pas disponible dans une langue qu’il comprend?”, a souligné Abdul Waheed Khan, directeur-général adjoint de l’Unesco pour la communication et l’information.

Selon lui, une centaine seulement parmi les quelque 7.000 langues parlées sur la planète ont une existence dans le cyberespace.

Ce “Forum sur la gouvernance d’internet” (IGF) regroupe depuis dimanche plus 1.500 représentants gouvernementaux, d’ONG, et du secteur pour discuter de l’avenir d’internet.

Cette année, l’IGF se penche sur l’amélioration de l’accès au réseau, l’encouragement de la diversité culturelle, la lutte contre la cyberdélinquance ainsi que la censure, la sécurité et la liberté d’expression sur la toile.

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