Le revirement de General Motors sur Opel surprend l’Europe et fâche Berlin

[04/11/2009 21:02:49] FRANCFORT (Allemagne) (AFP)

photo_1257353801047-5-1.jpg
Le logo Opel sur l’usine de Kaiserslautern, le 4 novembre 2009. (Photo : Torsten Silz)

La volte-face de l’américain , qui a finalement décidé de garder le constructeur dans son giron, a surpris les capitales européennes et provoqué la colère en Allemagne.

“Le comportement de General Motors est absolument inacceptable”, en particulier “vis-à-vis des salariés”, a jugé mercredi le ministre allemand de l’Economie Rainer Brüderle.

Opel ne va pas échapper à une restructuration, et il en coûtera environ 10.000 emplois en Europe, soit quelque 20% des effectifs, a indiqué lors d’une conférence téléphonique John Smith, vice-président de GM.

Le détail par pays sera présenté “très bientôt” par l’américain, qui a souligné que le plan privilégié jusqu’à présent par le gouvernement allemand, à savoir une vente d’Opel à l’équipementier canadien Magna, associé à la banque russe Sberbank, se serait également traduit par de nombreuses suppressions d’emplois – de l’ordre de 10.000 en l’occurrence.

photo_1257313864128-5-1.jpg
Le logo du constructeur automobile General Motors (Photo : Bill Pugliano)

Toutefois le repreneur canadien, avec qui GM et les salariés d’Opel ont négocié des mois durant, semblait prêt à conserver les quatre usines allemandes, ce qui ne sera pas nécessairement le cas de GM, selon des experts.

M. Smith s’est dit convaincu que GM pouvait “restructurer Opel à moins de coûts que n’importe quel autre investisseur” et de pouvoir convaincre Mme Merkel “des mérites de notre plan”.

La restructuration de GM Europe – producteur des marques Opel et, au Royaume-Uni, Vauxhall – coûtera environ 3 milliards d’euros à sa maison mère.

“Où GM va-t-il prendre cet argent, c’est un peu le mystère”, a commenté Aaron Bragman, analyste de Global Insight. Pour Willi Diez, directeur de l’institut d’économie de l’automobile de Geislingen, GM va sûrement venir frapper à la porte du gouvernement allemand, qui était prêt à aider Magna à remettre Opel à flot, et a convenu mercredi qu’il devrait bien se pencher sur toute demande en ce sens du constructeur américain.

En Allemagne le puissant syndicat IG Metall, très remonté, a pris soin de préciser qu’il se battait “pour l’avenir de tous les sites européens”. Outre l’Allemagne et le Royaume-Uni, Opel produit en Belgique, en Pologne et en Espagne.

photo_1257314133535-5-1.jpg
Roland Koch et Angela Merkel le 17 septembre 2009 lors du Salon automoblile de Francfort (Photo : Sascha Schuermann)

Mais alors que les syndicats allemands prévoient des actions de protestation jeudi, le ton en provenance des autres pays européens était nettement moins belliqueux. Le syndicat britannique Unite s’est même félicité d’une “décision fantastique”, tandis que le gouvernement polonais a vanté le “pragmatisme” des Américains. De Belgique et d’Espagne, le ton était également plus conciliant, même si le revirement de GM a surpris.

Même l’équipementier canadien Magna a fait bonne figure en affirmant qu’il continuera “à soutenir Opel et GM dans les défis à venir”. General Motors est son plus gros client. Le patron de Magna Frank Stronach voit s’écrouler son rêve de créer un constructeur automobile mais “la vie continue”, a-t-il déclaré.

La Maison Blanche a pour sa part assuré être étrangère à la décision du constructeur, annoncée le jour même d’une visite à Washington de Mme Merkel. L’Etat américain détient plus de 60% du capital de GM mais affirme régulièrement ne pas s’immiscer dans la gestion quotidienne de l’entreprise.

En Russie, qui n’accueille pas de site de production, mais où la banque semi-publique Sberbank se retrouve aussi le bec dans l’eau, les partenaires vont procéder à une “analyse juridique” de la décision, a dit le porte-parole du Premier ministre Vladimir Poutine.