La croissance externe et les fusions reprennent, mais sans panache

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âtiment historique de la Bourse de Paris (Photo : Stéphane de Sakutin)

[31/10/2009 10:07:16] PARIS (AFP) Rumeurs, démentis, lettres d’intention… les marchés recommencent à s’agiter autour d’opérations de fusions et acquisitions, certes moins spectaculaires qu’auparavant, mais qui signent un retour en grâce des “meccanos” financiers.

Après deux à trois années de léthargie, les opérations de croissance externe sont de retour comme en témoignent les annonces de rachat et aussi les rumeurs comme celle sur le Crédit Agricole et la Société Générale.

Mais ces opérations qui interviennent en période de redémarrage de cycle économique n’ont pas le panache de celles des années de haut de cycle.

En quelques jours, plusieurs opérations ont été annoncées uniquement en France: Sanofi-Aventis qui achète le laboratoire Oenobiol, le semencier Vilmorin qui s’implante en Inde via le rachat partiel d’une société, le groupe Louis Dreyfus qui rachète partiellement le sucrier brésilien Santelisa Vale, Dassault Systèmes qui acquiert une activité d’IBM.

“De 4.000 milliards de dollars échangés sur des fusions et acquisitions en 2007 dans le monde, le montant est tombé à 950 milliards de dollars (sans les opérations de renflouement des gouvernements) sur les 10 premiers mois de l’année, dont une grande partie depuis mars et le rebond de la Bourse”, note Charles Dautresme, stratégiste chez AXA-IM et auteur d’une note sur ce sujet.

Ce montant, même encore modeste, a toutefois le mérite de montrer que les velléités reprennent à la faveur de cours d’actions encore attractifs, du renforcement des trésoreries et des réductions de coûts menées par les entreprises, explique-t-il.

Mais les caractéristiques de ces transactions sont totalement différentes d’il y a quelques années.

Aujourd’hui les opérations sont avant tout “défensives”, émanant de sociétés conscientes de leur faiblesse qui trouvent dans des rapprochements un moyen de résister au repli de la consommation, explique Patrice Lambert de Diesbach, directeur de la recherche au CM-CIC Securities.

Exit les opérations qui font appel à de forts endettements comme les LBO, car les banques prêtent désormais au compte-gouttes. Les opérations se financent le plus souvent en cash.

Terminées également les grandes manoeuvres qui bouleversent le paysage économique de type Arcelor-Mittal ou Suez-Enel (devenu GDF Suez) dans les années 2000.

Les entreprises privilégient les opérations “chirurgicales, maîtrisées”, des achats de parts d’activité et non pas de groupes dans leur totalité. Ainsi, les modèles aujourd’hui sont des achats de “complémentarité” type Dassault Systèmes qui rachète une activité chez IBM, ou encore le laboratoire américain Abbott qui acquiert les activités pharmaceutiques du belge Solvay.

Outre-atlantique, Cisco, qui va acquérir ScanSafe (logiciels anti-virus) pour mieux se positionner sur le marché de la sécurité informatique en pleine expansion, est également un exemple.

Dans le secteur bancaire plusieurs opérations s’inscrivent dans cet esprit: Barclays a acquis l’activité épargne et crédits immobiliers de Standard Life, BNP Paribas serait interessé par la filiale d’assurance-vie Dexia Epargne Pension.

Parfois, la cible, en grande difficulté, mérite d’être achetée dans sa totalité: ainsi Deutsche Bank va acheter pour un milliard d’euros le groupe privé luxembourgeois Sal. Oppenheim. Parfois également, il s’agit d’opérations d’envergure, comme celle menée par le fonds d’investissement BlackRock sur la division de gestion d’actifs de Barclays.

Mais la règle, en cette période de timide reprise, est d’effectuer de “petits pas” prudents et d’éviter des opérations emblématiques, notent les analystes.

“Quand on commence à voir de grandes opérations cela sent souvent le roussi et le bas du cycle approche”, souligne d’ailleurs l’un d’eux.