Les banques françaises remboursent l’Etat pour entrer dans l’après-crise

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ège du Crédit agricole à Paris, en mai 2008. (Photo : Jacques Demarthon)

[14/10/2009 15:08:00] PARIS (AFP) A l’instar du Crédit Agricole, dernière à le faire mercredi, toutes les banques françaises aidées financièrement par l’Etat ces derniers mois ont annoncé leur intention de rembourser leur dû sans attendre, pour pouvoir aborder au mieux la sortie de crise.

La banque verte va reverser, le 27 octobre, les trois milliards d’euros que lui avait prêté l’Etat fin décembre 2008 dans le cadre du plan de soutien à l’économie.

Début novembre, les cinq établissements aidés par l’Etat pourraient avoir remboursé 16,8 des 19,8 milliards d’euros qui leur avaient été apportés, scénario encore jugé très improbable fin septembre.

Ce soudain élan est bien le signe que les banques françaises vont mieux. Mais pour Eric Dupont, directeur au département Institutions financières de l’agence de notation Fitch, l’opération ne vise pas à “passer un message aux autres banques” européennes.

D’autant que les sommes perçues de l’Etat restent modestes au regard de celles injectées par d’autres gouvernements européens, notamment en Belgique, au Royaume-Uni, aux Pays-Bas, en Irlande ou en Allemagne.

“Elles le font surtout pour payer moins cher” que ce qu’elles versent actuellement à l’Etat, estime-t-il. L’humeur du marché s’est, en effet, nettement améliorée ces derniers mois et permet désormais d’emprunter à des conditions plus avantageuses que celles fixées par l’Etat.

Pour autant, le critère financier n’est pas le seul en jeu, comme en témoignent les conditions de remboursement du Crédit Agricole qui pourrait, de l’avis des analystes, payer les nouveaux fonds levés plus cher que ceux de l’Etat.

“Ce n’est pas vraiment le problème”, affirme un analyste sous couvert d’anonymat. “Il s’agit d’abord de se débarrasser de l’aide de l’Etat.”

Si BNP Paribas, Société Générale et le Crédit Agricole ont assuré du respect des engagements pris en matière de bonus et de crédit malgré le remboursement, les banques n’en retrouvent pas moins une certaine liberté d’action sur d’autres sujets.

“Etre indépendant de l’Etat signifie que vous êtes moins contraint quant à votre politique en matière de dividendes ou de stratégie”, souligne Christophe Bossmann, analyste de WestLB Research.

“Rembourser l’Etat est essentiel, parce que si vous voulez bénéficier de la crise, éventuellement faire des acquisitions, vous avez besoin d’être indépendant de la puissance publique”, ajoute-t-il.

La Société Générale a ainsi signalé, la semaine dernière, son intention de procéder à des acquisitions, notamment en Europe de l’est et en Asie, ce qui justifie la taille des fonds levés (4,8 milliards d’euros).

Néanmoins, si les banques françaises cherchent à se positionner idéalement pour aborder l’après-crise, qui pourrait notamment se traduire par des cessions multiples d’établissements en difficulté, elles ne sont pas elles-mêmes sorties d’affaire.

Les analystes prévoient que les provisions liées aux portefeuilles de crédit resteront élevées lors des prochains trimestres pour toutes les banques françaises, en grande partie du fait de la persistance d’un niveau de chômage élevé.

“Cela durera au moins jusqu’à mi-2010”, prévoit un analyste.

Autre élément encore susceptible d’affecter leurs résultats durant les mois à venir, les portefeuilles de titres financiers complexes hérités de la crise, qui génèrent encore des pertes.

“Ce n’est pas marginal, mais c’est en cours de traitement”, estime néanmoins Jean-Pierre Lambert, analyste de Keefe, Bruyette and Woods.