Le gouvernement révise la croissance à la hausse même si la crise perdure

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à Paris, à la remise du prix de l’Audace Créatrice 2009 (Photo : Franck Fife)

[17/09/2009 19:06:14] PARIS (AFP) Pour la première fois depuis deux ans, le gouvernement a révisé à la hausse jeudi ses prévisions de croissance, la France semblant avoir mieux traversé la récession que la plupart de ses voisins même si “la crise n’est pas finie”.

Le Premier ministre, François Fillon, a estimé que la récession en 2009 serait limitée à -2,25% du produit intérieur brut (PIB), contre -3% attendu précédemment. Pour 2010, le gouvernement table désormais sur une croissance de 0,75%, contre 0,5% initialement.

Une prévision qui rejoint celles formulées récemment par la plupart des économistes.

“Le mouvement qui s’amorce est encore bien modeste, mais c’est un signal encourageant”, a résumé M. Fillon, qui s’exprimait à Matignon devant des créateurs d’entreprise.

“La reprise se dessine, elle est fragile, mais je crois qu’elle est en germe”, a-t-il ajouté, tout en insistant bien sur le fait que “la crise n’est pas finie.”

“La crise ne sera terminée que le jour où le chômage commencera à baisser”, a lancé François Fillon. “Une croissance de 0,75%, ce n’est pas une croissance créatrice d’emplois”, a-t-on en effet souligné dans l’entourage du Premier ministre.

“Pour qu’on soit sorti de la crise, de mon point de vue, il faut que l’économie arrête de détruire des emplois et qu’on repasse en créations nettes d’emplois”, a précisé la ministre de l’Economie, Christine Lagarde.

“Ce ne sera pas le cas tout de suite. Il faut qu’on soit à peu près à 1,5% de croissance; il faut qu’on atteigne ce seuil et qu’on le dépasse un petit peu”, a prévenu la ministre, selon laquelle “le chômage devrait augmenter encore pendant quelques trimestres”.

Mme Lagarde n’a toutefois pas boudé son plaisir devant cette première révision à la hausse depuis le début de la crise internationale.

“On avait tellement souvent révisé à la baisse que ça fait plaisir d’inverser le mouvement”, a-t-elle relevé, attribuant cette “bonne nouvelle” à la politique du gouvernement.

“Le plan de relance, les efforts qu’on a engagés depuis un an payent, et ça paye d’autant mieux qu’on l’a fait vite”, a-t-elle estimé, soulignant que la France “fait deux fois mieux que la moyenne de la zone euro”.

D’après les prévisions actualisées de la Commission européenne, le PIB de la France chuterait de 2,1% cette année contre une baisse de 4,0% en moyenne dans la zone euro. Dans le même temps, les principaux partenaires de la France subiraient une sévère récession: -5,1% pour l’Allemagne, -5,0% pour l’Italie, -4,5% pour les Pays-Bas ou -3,7% pour l’Espagne.

Après quatre trimestres de chute du PIB, l’économie française est sortie de la récession au deuxième trimestre 2009 avec une progression du PIB de 0,3%. La semaine dernière, Mme Lagarde avait dit s’attendre également à un “chiffre positif” au troisième trimestre.

Lors des trois premiers mois de 2009, l’économie française avait détruit près de deux fois plus d’emplois salariés (-168.300 dans les secteurs principalement marchands) que durant toute l’année 2008, un record historique.

Selon les dernières prévisions de l’Insee, le taux de chômage devrait dépasser le seuil symbolique de 10% de la population active à la fin 2009.

Pour le ministre du Budget, Eric Woerth, cette révision est également une “bonne nouvelle” pour le budget de l’Etat en 2010, auquel le gouvernement est en train de mettre la dernière main avant sa présentation en conseil des ministres le 30 septembre.

“Si on passe de +0,5% à +0,75%, ça veut dire plus d’activité économique, donc plus de recettes fiscales en termes de TVA ou d’impôt sur les sociétés”, a-t-il noté.