Après un an de crise, les licenciements massifs se multiplient en Russie

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à l’usine Avtovaz à Togliatti le 30 mars 2009 (Photo : Alexey Nikolsky)

[17/09/2009 17:21:05] MOSCOU (AFP) Trois symboles de l’économie russe –les constructeurs automobiles GAZ et Avtovaz et la compagnie aérienne Aeroflot– s’apprêtent à supprimer des milliers d’emplois, au moment où les autorités disent voir une sortie de crise se dessiner.

C’est Avtovaz, détenu à 25% par le français Renault, qui a ouvert le bal lundi en annonçant une première vague de suppressions d’emplois concernant quelque 5.000 personnes d’ici à la mi-décembre.

Jeudi, le ministère du Développement social indiquait que quelque 14.000 des 100.000 employés de GAZ, contrôlé par l’oligarque Oleg Deripaska et partenaire de l’équipementier Magna et de la banque russe Sberbank dans le rachat du constructeur allemand Opel, allaient devoir chercher un nouvel emploi.

“GAZ nous a informés qu’il planifiait de licencier 14.000 personnes dans ses différentes filiales d’ici à la fin de l’année”, a déclaré un représentant du ministère.

Le service de presse du constructeur de la légendaire Volga, très endetté n’a pour sa part confirmé l’existence d’un tel plan de licenciements.

“Nous ne confirmons pas cela, ce que nous avons c’est un programme de formation payé d’un an”, a déclaré un porte-parole de GAZ, précisant que des milliers d’employés des 18 filiale du groupe étaient concernés.

Toujours jeudi, Aeroflot révélait sa décision de se séparer, au cours des six prochains mois, de quelque 2.000 employés en raison de la baisse du nombre de passagers.

Et ces vagues pourraient bien ne pas être les dernières pour ces entreprises sévèrement touchées par la crise économique mondiale.

Un porte-parole d’Aeroflot, Irina Dannenberg, a ainsi indiqué que plus de 6.000 emplois, soit près du tiers de ses effectifs, pourraient être supprimés si la baisse du nombre de ses passagers se poursuivait encore.

Les choses pourraient être pire dans l’automobile, l’un des secteurs les plus touchés par la crise. Le ministère du Développement social a en effet prévenu qu’Avtovaz pourrait se séparer au total de près du tiers de ses employés, soit 36.000 personnes.

“Notre but est de maintenir autant de personnes que possible, dans la mesure où le marché nous le permet”, avait d’ailleurs dit en début de semaine Igor Komarov, le président de l’entreprise, annonçant la suppression de 5.000 postes.

Pour les analystes, ces entreprises agissent de la sorte, car le gouvernement a cessé de les soutenir financièrement, comme ce fut le cas depuis le début de” la crise il y a un an.

“Les mesures de restructuration de ces compagnies se font en retard”, relève Andreï Iakovlev, vice-recteur de la Grande école d’économie à Moscou, notant que les grands groupes comme Avtovaz aient préféré jusqu’à présent réduire les horaires de travail des employés dans l’attente d’une “reprise de la demande”.

“A l’automne dernier, ces grosses sociétés réclamaient les aides de l’Etat, qui a répondu à leurs attentes (…) Mais maintenant l’Etat a compris qu’il n’avait plus cet argent”, poursuit-il.

Signe de leur retard, ces licenciements interviennent au moment où les autorités russes, pour la première fois depuis le début de la crise, se montrent optimistes quant à une sortie de récession avant la fin de l’année.

Si le gouvernement s’attend toujours à voir son PIB chuter de plus de 8% en 2009, le ministre des Finances, Alexeï Koudrine a indiqué mardi voir le rétablissement de l’économie commencer dès ce trimestre.

“Il n’y a pas de crise sans licenciement et jusqu’à présent en Russie, la chute de la production était plus flagrante que la croissance du chômage”, résume M. Iakovlev.