[14/09/2009 17:05:46] PARIS (AFP)
çoit le rapport du Prix Nobel d’Economie Joseph Stiglitz (2e D) sur la mesure de la croissance le 14 septembre 2009 à l’Elysée. (Photo : Philippe Wojazer) |
Le président Sarkozy s’est engagé lundi à défendre une nouvelle mesure du progrès économique qui intégrerait davantage la notion de “bien-être”, conformément aux du rapport du Prix Nobel Joseph Stiglitz.
Selon l’économiste américain, ancien conseiller de Bill Clinton à la Maison Blanche, le progrès économique et social ne peut plus se résumer aux évolutions du produit intérieur brut (PIB), étalon mondial de la puissance des Etats qui mesure la production de biens et de services.
“Le PIB n’est pas (…) erroné en soi, mais utilisé de façon erronée”, quand il est présenté comme “une mesure du bien-être économique”, souligne le rapport.
De nouveaux indicateurs doivent donc être mis en place afin de mieux prendre en compte les activités non-marchandes (travaux domestiques, bénévolat, loisirs…), l’accès à la santé ou l’insécurité, tout en reflétant davantage les inégalités, d’après ce document qui a été remis à l’Elysée.
économiste américain Joseph Stiglitz arrive à l’Elysée le 14 septembre 2009. (Photo : Philippe Wojazer) |
“La France se battra pour que toutes les organisations internationales modifient leurs systèmes statistiques”, a promis le chef de l’Etat dans un discours à l’université de la Sorbonne à Paris, appelant, à quelques jours du sommet du G20 à Pittsburgh, à “abandonner la religion du chiffre”.
La France “adaptera son propre appareil statistique en conséquence”, a assuré M. Sarkozy, qui avait lancé cette réflexion début 2008.
“Il faut penser l’après-PIB”, a lancé de son côté la ministre de l’Economie Christine Lagarde. “C’est la première fois qu’on dit que les chiffres mentent”, s’est réjouie la secrétaire d’Etat à l’Ecologie, Chantal Jouanno.
Composée au total de 25 membres, dont cinq Prix Nobel, la Commission Stiglitz plaide également pour des instruments de mesure des atteintes à l’environnement, et notamment pour un “indicateur clair des accroissements de la concentration des gaz à effet de serre”.
Selon le rapport, le PIB ne doit pas être supprimé mais il doit être enrichi et complété. Un constat qui fait écho aux critiques régulièrement adressées à cet indicateur qui s’est généralisé après-guerre.
Les experts rappellent ainsi que “les embarras de la circulation peuvent faire croître le PIB du fait de l’augmentation de la consommation d’essence” sans pour autant améliorer la qualité de vie.
Des indicateurs alternatifs ont déjà vu le jour, tel l’indice de développement humain de l’ONU, sans parvenir à s’imposer.
“Dans une société où la performance prend de plus en plus d’importance, la mesure statistique compte”, a déclaré Joseph Stiglitz, pointant le “danger” d’un écart entre les statistiques et la perception de la situation.
L’OCDE a salué dans un communiqué les conclusions du rapport, tout comme la Commission européenne qui, par la voix de son vice-président Jacques Barrot, a rappelé qu’un “indice environnemental” européen allait bientôt voir le jour.
Seul bémol exprimé dans l’enceinte de la Sorbonne: le vice-président de la Banque mondiale, Otaviano Canuto, a simplement noté que les thématiques du rapport étaient “fortement centrées” sur les pays riches.
Le Fair (Forum pour d’autres Indicateurs de Richesse), un collectif d’experts, s’est montré plus réservé, estimant notamment que les indicateurs prônés dans le rapport faisaient l’impasse sur les “exigences de démocratie”.
“Ce rapport n’est qu’un premier pas”, a résumé M. Stiglitz, soulignant que l’application de ces nouveaux indicateurs ne déplairait pas à tout le monde. Grâce à son système de santé, la France pourrait ainsi grappiller quelques places dans le classement des nations, a suggéré l’économiste.