Internet bouscule les habitudes dans le commerce de l’or

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évolution du CAC 40 sur des écrans d’ordinateurs, le 10 octobre 2008 à Paris (Photo : Mehdi Fedouach)

[10/07/2009 10:11:09] PARIS (AFP) La flambée de l’or, placement anticrise par excellence, suscite un engouement commercial jusque sur internet, bousculant un commerce historique aux pratiques traditionnelles.

Le prix de l’or a progressé d’environ 12% sur un an quand le CAC 40, l’indice vedette de la Bourse de Paris, a lâché plus de 30%. En février, l’once d’or a frôlé les 1.000 dollars.

Une hausse qui a donné des idées: Cortal Consors, filiale de BNP Paribas, a lancé lundi “pour la première fois en France” l’achat de lingots et de napoléons sur son site internet.

Cette initiative repose sur deux constats: l’or est un “bon produit anticrise pour les épargnants traumatisés” mais “les Français ne savent pas trop comment l’acheter”, explique à l’AFP Benoît Gommard, directeur général de Cortal Consors France.

Mais pour certains experts, ce système tranche avec les pratiques habituelles.

D’abord parce qu’il est plus cher: les vendeurs d’or parisiens appliquent généralement une commission comprise entre 0,50% à 1,50% maximum par transaction, selon les tarifs constatés, contre 2% chez Cortal Consors.

Ensuite parce qu’en cas d’achat, ils ne gardent pas l’or de leur client comme Cortal Consors.

Le courtier en ligne peut conserver le magot de ses clients pour 1,6% par an sur le montant du placement. Pour offrir ce service, il travaille avec “un partenaire, CP Or”, qui “loue des coffres à la Banque de France”, indique Benoît Gommard.

Une prestation vivement conseillée car si l’or est livré chez le client, –un service payant–, Cortal Consors ne le rachètera pas ensuite car le courtier n’achète que des pièces en parfait état. En définitive, Cortal Consors ne rachète que de l’or acheté sur son site car le courtier ne délivre pas d’expertise.

Dans le commerce de l’or, un simple petit défaut sur une pièce peut lui faire perdre de sa valeur et faire passer son prix de rachat bien en dessous du cours du jour.

Pour certains experts, la question d’un défaut ne se pose pas “puisque nous vendons nos pièces sous sachets plombés”, indique Michel Prieur, directeur de la Compagnie Générale de Bourse (CGB).

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Des lingots d’or (Photo : Ho)

Donc, “si le sachet n’a pas été ouvert, nous rachetons l’or au cours du jour”, ajoute-t-il.

Mais surtout, pour lui, “quand on achète de l’or, c’est pour l’avoir” chez soi, insiste le directeur en rappelant des épisodes de l’histoire.

“Durant l’occupation, la détention de plus de cinq grammes d’or par personne (une alliance de taille moyenne) était un crime économique contre le Reich et pouvait conduire en camp de concentration”, détaille-t-il.

D’ailleurs, sur le site internet de la CGB, M. Prieur recommande d’avoir toujours “deux cent napoléons de 20 francs (…) bien entendu à domicile, pas dans un coffre de banque inaccessible durant les époques troublées et en revanche facilement visitable par les administrations diverses”.

Et pour lui, “si vous voulez acheter de l’or et pas le conserver”, mieux vaut se tourner vers des nouveaux produits financiers indexés sur le cours de l’or.

Depuis début juin, Lyxor, filiale de la Société Générale, propose en effet des Lyxor ETN, des titres qui imitent les variations de cours de l’once d’or.

“Il suffit de passer un ordre, comme pour une action en Bourse”, explique une porte-parole du groupe. Le client doit donc s’aquitter de frais de courtage –variables selon son intermédiaire– et Lyxor facture de son côté 0,83% par an.