Tunisie-Tourisme : Comment sortir des sentiers battus ?

Pour les investisseurs nationaux et étrangers à la recherche, en Tunisie,
d’activités touristiques rémunératrices dans le secteur du luxe, l’intérêt,
insistent-ils, est d’améliorer, tout d’abord, la qualité du réceptif afin de
rehausser le niveau général de toutes les filières (tourisme littoral,
saharien, culturel, de santé, de congrès, d’affaires…), d’échapper à l’image
persistante, chez certains tour-opérateurs, d’un tourisme tunisien «bas de
gamme». Il est donc nécessaire de coller aux exigences d’une clientèle
gâtée, attentive au confort, ne tolérant aucune faille pendant son séjour et
dont la présence, surtout dans le contexte du développement mondial d’un
tourisme à haute valeur ajoutée, est un impératif stratégique pour
rentabiliser les nouveaux projets en cours, suppléer à une offre
vieillissante, souffrant de sous-investissements et promouvoir une dynamique
interne, mobilisatrice pour tous les acteurs du tourisme local, capable de
projeter une image forte à l’international.

Les principaux contours du tourisme littoral

D’après le tableau de bord des rapports de l’ONTT, la Tunisie, grâce à un
potentiel balnéaire ciblé sur le modèle plage + soleil + repos +
convivialité + conditions correctes de desserte, attire environ 6 millions
de touristes par an, soit 270 millions de nuitées avec des recettes qui se
sont établies, en 2005, à plus de 2,5 millions dinars, ce qui accentue la
polarisation sur les régions côtières, sanctuarise le concept économique
«saison d’été» et perpétue le phénomène du désir mimétique chez le touriste
de la saison estivale. La situation de l’hébergement sur le littoral s’auto-entretient,
depuis deux décennies, avec des commerces à caractère artisanal, des
activités culturelles, souvent saisonnières et des modules portuaires
intégrant des bassins pour les croisiéristes de passage.

«Il s’agit d’une offre touristique cernée dans le temps et l’espace, très
dépendante de la disponibilité des saisonniers, des aléas géopolitiques,
d’employés compétents et de la saturation des principaux lieux de
plaisance», nous dit M. Selim chérif, consultant auprès de plusieurs agences
de voyage, pour qui le tourisme des seniors, de tendance écologique, les
packages intégrant des activités de niches de type shopping, remise en
forme, gastronomie…, la demande croissante de courts séjours à thèmes et le
développement de la filière nautique sont des gisements à mieux exploiter
pour accroître la fréquentation hors des périodes traditionnelles, améliorer
la rentabilité des équipements et faire du tourisme un levier essentiel du
développement durable de l’économie nationale.

Les points clés de la compétitivité

Aujourd’hui, l’offre touristique existante en Tunisie a besoin d’être mieux
valorisée, enrichie et construite en agencement de produits complexes, en
fonction de la valeur ajoutée dégagée, rendue clairement lisible pour les
consommateurs à l’image de la thalasso, du golf du désert, de la randonnée,
du sylvitourisme et de l’agritourisme.

«Les nouvelles destinations tunisiennes -Tabarka, El Djérid, Douz, Mahdia…-
, de plus en plus prisées sur le plan national et international, offrent des
atouts certains en termes de patrimoine, de culture, de style de vie, de
gastronomie», répète à l’envie M. Jean-Michel Baroche, homme d’affaires
français, rencontré à l’occasion de la tenue de l’assemblée générale de la
CTFCI, établi depuis peu dans notre pays, à la tête d’une agence de
communication, qui appelle les différents opérateurs et investisseurs
potentiels à percevoir l’attractivité touristique comme une activité
économique concurrentielle, fondée sur l’innovation, la durabilité et la
différenciation.

Certains professionnels estiment urgent de revitaliser la demande interne,
une composante essentielle de la consommation touristique et un socle, en
masse, par ses effets stabilisateurs en cas de turbulences internationales.

Il s’agit là d’un objectif stratégique visant la redistribution sociale et
territoriale d’une politique de tourisme, appelée, plus que jamais, à
accompagner les mutations mondiales, à faire face à la concurrence
internationale et à rationaliser la répartition des compétences et des
responsabilités afin de faciliter les rencontres entre les porteurs de
projets, les financeurs et les techniciens de l’ingénierie touristique.

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