Emploi des diplômés du supérieur : Le tourisme au secours de la dignité

khelillajimi_slimtlatli1.jpgEn
présence des représentants des différents médias, une séance de travail a
été tenue lundi 4 mai 2009 au ministère du Tourisme et présidée
conjointement par MM. Khalil Laajimi et Slim Tlatli, ministres du Tourisme
et de l’Emploi et de l’Insertion professionnelle des jeunes, en vue de
débattre avec les représentants des fédérations de l’hôtellerie et des
agences de voyages des moyens susceptibles de promouvoir davantage l’emploi
des jeunes et particulièrement les diplômés du supérieur.

En fait, c’est une mobilisation générale qui s’amorce à tous les niveaux
suite au nouveau plan d’emploi décidé par le président de la République au
début de mois de janvier dernier et tendant à conjuguer les efforts afin de
prendre à bras-le-corps la question de l’emploi des diplômés du supérieur
devenue «un souci constant pour le chef de l’Etat».

Il faut dire que l’état des lieux, tel que présenté par le ministre de
l’Emploi, a de quoi faire du souci : 20 mille jeunes se trouvent au chômage
depuis plus de quatre années, sans compter le flux annuel de demandeurs
d’emploi qui, avec 90 mille demandes additionnelles dont 60% émanant de
l’enseignement supérieur, font une très forte pression sur le marché de
l’emploi. Une situation qui a fait dire à M. Tlatli que c’est la dignité
même du Tunisien qui est touchée.

Pourtant, l’économie tunisienne s’est escrimée, depuis 1987, à créer chaque
année 80 mille postes d’emploi dans différents secteurs, et 35 mille autres
pour les diplômés de l’enseignement supérieur. Mais devant ce phénomène qui
semble perdurer malgré tout, une première réponse est donnée : mille
diplômés du supérieur seront progressivement employés au cours de cette
année par des unités hôtelières et des agences de voyages. Réponse modeste
s’il en est, car il se trouve que le hic est ailleurs : un diplômé en
histoire géo, par exemple, ne comprendrait pas grand-chose à l’hôtellerie.

M. Mohamed Belajouza, président de la FTH, a justement parlé «d’inadéquation
entre certains cursus universitaires et les métiers de l’hôtellerie». D’où
cette autre réponse donnée par les pouvoirs publics : offrir aux diplômés du
supérieur ayant poursuivi un cursus porté sur les sciences humaines, la
sociologie, la psychologie ou autre la possibilité d’un stage de 400 heures
de formation en hôtellerie pour un poste d’emploi d’office moyennant, la
première année, une prime de 150 dinars octroyée par l’Etat et 150 dinars de
‘‘rémunération’’ servie par l’entreprise. Mieux : au bout de la première
année, l’Etat assure lui-même la sécurité sociale de l’employé, ce qui
allège les charges de l’employeur.

Revenant à la charge, le ministre de l’Emploi a fait remarquer que si les
625 hôtels (classés) et les quelque 500 agences de voyages daignaient,
chacun, recruter un cadre, cela résorberait d’autant les demandeurs
d’emploi. Cela résorberait mais ne résoudrait pas, au fond, la question. Ce
qui a fait dire au ministre du Tourisme que le dossier de l’emploi ne
saurait ni ne pourrait être l’affaire du seul secteur touristique, bien
d’autres, comme le secteur bancaire, pouvant également le prendre en charge.

Quoi qu’il en soit, les ministres tout comme les professionnels présents ont
été unanimes à trouver que la clé, sûrement la principale, est dans
l’investissement que le secteur privé est plus que jamais invité à soutenir
davantage –le jeune chômeur d’aujourd’hui n’étant autre que le chef de
famille et le responsable de la Tunisie de demain. Aussi, un des
professionnels a-t-il sauté sur l’occasion pour rappeler qu’à Zouaraâ, un
projet d’une zone touristique d’environ 5 mille lits pouvant employer
jusqu’à 2 mille personnes est bloqué pour manque de financement, et qu’un
autre projet similaire à Tabarka pourrait faire passer la capacité d’accueil
de 5 mille à 8 mille lits.