Rêveries pour un tourisme tunisien

Si le célèbre dicton, du reste manifestement misogyne, affirme que «la plus
belle femme au monde ne peut donner que ce qu’elle a», cette affirmation ne peut
trouver écho s’agissant de la destination Tunisie, qui, elle, possède des atouts
colossaux sous ou non exploités. Dans mes divagations les plus personnelles et
songes les plus fous, il m’arrive de rêver un tourisme dans le vent. J’ai envie
de voir fleurir des dizaines de grands noms de l’hôtellerie, restauration, et
marques mondiales les plus diverses investir dans notre pays, mais pas seulement
!

tourisme-tunis.jpgAujourd’hui, plus que jamais, j’ai envie de rêver. Je rêve d’une habitation
troglodyte de Matmata qui serait reconvertie en un énigmatique et somptueux
«Bougie hôtel» ? Ou en un casino du style caverne d’Ali Baba, somptueux à
l’intérieur, désertique à l’extérieur. On pourrait même y user de la célèbre
formule “Iftah “irbah” Y a simsim” pour axer la dimension mystique de la chose.

J’ai envie de voir jaillir un spa grand luxe sous tente d’exception au milieu du
désert de Douz et de Ksar Guilène, avec transfert exclusif en hélicoptère.

J’ai envie d’imaginer des dîners des mille et une nuits, autour de bassins
troglodytes remplis de bougies, pour une soirée d’exception avec des feux d’artificesqui
qui illumineraient le ciel de mille et une lumières. Serait-ce de l’utopie que
de voir la plus grande grotte d’Afrique du Nord aménagée en un centre de sports
extrêmes ? Serait-il si difficile d’imaginer un ksar aménagé en casino en plein
Chenini avec des hébergements de luxe sous tente et une exposition d’arts
plastiques sur tréteaux? Est-ce difficile d’offrir à des congressistes des
instants momentsùmagiques en marge d’une conférence internationale en organisant
un dîner dans les jardins du Musée du Bardo après une visite privative et
nocturne?

Aujourd’hui, plus que jamais, il faudrait que nous nous posions la question :
que pouvons-nous faire pour notre tourisme de demain ? Il n’est plus temps de
théoriser. Il faut agir. La question est brûlante. Elle mérite d’autant plus
d’être posée. L’état de notre tourisme ne traduit-il pas finalement notre
incapacité à travailler ensemble ? En attendant, des millions de touristes
choisissent d’autres destinations. Ceux qui vont dans les pays plus «in» seront
de plus en plus nombreux dans le monde. Les clients des destinations les plus
imaginatives, exclusives et chères du monde ne viennent pas de la planète Mars.
Un jour ou l’autre, ils viendraient en Tunisie y dépenser de l’argent, beaucoup
d’argent et prendre plaisir à découvrir un pays qui aurait déployé tous les
efforts pour séduire à nouveau. La destination Tunisie en a les ressources, les
compétences et la volonté.

En attendant, 8 sites classés patrimoine culturel mondial par l’UNESCO attendent
une véritable stratégie. Un riche patrimoine archéologique attend d’être
redécouvert. Un artisanat ancestral aspire à être réanimé, une cuisine raffinée
tend à être appréciée… Le monde bouge et nous avec lui. Pour le moment, il est
urgent pour nous de demander quels investissements avons-nous mis dans la
valorisation de nos richesses historiques et touristiques? Quels bénéfices en
a-t-on tiré ? Quelles compétences y avons-nous déployées et comment
pouvons-nous, tous nous, y consacrer ?