Entreprise : Le «boom» des ITE

La récente percée de One Tech en France n’est pas un
phénomène isolé. Récemment entré au capital du groupe français SLFG (composants
aéronautiques), ce groupe avait en 2006 racheté 50% de Fuba Printed Circuits,
son ancien donneur d’ordre allemand, et regarderait maintenant du côté de
l’Asie.

Enclenchée dès les années 70, par des pionniers comme la Société Tunisienne
de Banque (Liban et Sénégal), l’hôtelier Tahar Fourati (Irak, Koweït, Arabie
Saoudite, Jordanie, France, etc.), les Bouchamaoui (Libye), et quelques autres,
l’internationalisation n’a pris de l’ampleur qu’au cours des cinq dernières
années, après la levée des entraves administratives à l’investissement tunisien
à l’étranger (ITE). Certains sont même allés très loin de leur base de départ.

Longtemps épiphénomène, de surcroît subi plus que suscité, l’implantation
d’entreprises tunisiennes à l’étranger est désormais non seulement assumée mais
fortement encouragée par le gouvernement. C’est pour cette raison que les
pouvoirs publics ont, en prévision de l’institution graduelle de la
convertibilité totale du dinar, depuis quelques années déjà libéralisé
totalement les opérations de transfert au titre de l’implantation à l’étranger,
au profit des entreprises exportatrices. Pour les autres, le plafond des
transferts de devises, fixé au début à 300.000 dinars, a été porté à 10 millions
de dinars.

De même, le Centre de Promotion des Exportations (Cepex) a été mis à
contribution pour aider à promouvoir cette démarche. Il l’a fait, d’abord
directement, notamment en lançant, en décembre 2008, une étude sur
l’implantation commerciale privée à l’étranger, qui va déboucher sur
l’élaboration de plans d’action et d’un guide pratique, ainsi que sur la mise en
place d’un coaching pour les entreprises intéressées. Mais le Cepex a également
agi via le Famex qui a aidé de nombreuses entreprises à ouvrir des
représentations à l’étranger.

Champion sans conteste dans ce domaine, Chakira est le seul groupe présent
aux quatre coins du monde (Maroc, Egypte, Malaisie, Portugal, Roumanie, et
Brésil). Implanté en Chine –où l’on compte quinze entreprises tunisiennes-,
Poulina est le n°1 par le nombre de filiales à l’étranger –une vingtaine-
concentrée en majorité au Maghreb, principal terrain d’expansion des entreprises
tunisiennes.

En très forte croissance depuis quelques années, Altea Packaging (famille
Zghal), est également en train de tisser sa toile en dehors de l’espace
maghrébin (Maroc, France, Egypte, etc.). Karthago Group (Belhassen Trabelsi) a
fait un premier pas dans cette direction dans l’aérien, en Egypte, où il a
installé Koral Blue Airlines, une filiale de Karthago Airlines.

Toutefois, le Maghreb reste le principal espace de déploiement des
entreprises tunisiennes hors des frontières nationales.

Estimées à plusieurs centaines, parmi lesquelles des filiales de grands
groupes industriels (Hachicha, Loukil, Mabrouk, Alliance, Al Majd), mais
également des PME opérant dans les services (Comete Engineering, Integra Group,
TMI, Sigma, STUDI, Oxia, etc.), y compris des banques (BTL, BIAT, Amen Bank),
elles seraient –un bon millier- les plus nombreuses en Algérie.