Après le pont de Carthage …

A Tunis, les échangeurs fleurissent à chaque coin de route, et pour les moins jeunes qui doivent s’en souvenir, le premier échangeur a été le pont de Carthage qui, actuellement par extension, enjambe l’avenue Bourguiba jusqu’à la sortie sud de Tunis dont les équipements en infrastructures viennent d’être complétés par un beau fleuron technologique qui a coûté très cher, un pont qui relie les bords du Lac de Tunis.

Cet ouvrage aérien, qui s’enracine jusqu’à 80 m sous terre et s’en va narguer la vase de Tunis, est un petit bijou aussi bien de par sa conception que par son rôle. En effet, quand on revient à l’histoire de Tunis, il est intéressant de savoir que la capitale, construite à proximité de Carthage qui fut rasée par Rome par Hassan Ibn Noomane ou la Kahena –que les historiens me rectifient– est venue par précaution et après avoir tiré les conclusions de ce qui est arrivé à son illustre aînée s’abriter dans une anse quasi inattaquable et protégée par 2 lacs et la colline de Sidi Belhassen qui est ainsi devenue son saint protecteur.

La ville comme toutes les médinas avait ses remparts –qui avaient, semble-t-il, 23 portes– et un port où accédaient les bateaux par un chenal construit par le même Hassan Ibn Noomane, chenal qui a été approfondi et qui sert toujours dans la traversée du lac de Tunis.

Ce qu’on sait moins par contre, c’est que nos ancêtres les Gaulois dans leur mission civilisatrice, démolirent les remparts de la ville –ce qu’ils ne purent faire à Sfax, les Sfaxiens assiégés reconstruisant les remparts démolis le jour avec de l’huile la nuit et gardant leurs réserves d’eau douce récoltées dans les majels- et s’en servirent pour créer la route et le tracé du TGM en remblais qui traverse le lac et qui, depuis, l’a coupé en lac nord et lac sud.

Le progrès aidant, on a vu refleurir, depuis l’indépendance, les berges du lac nord et espérons que les berges du lac sud suivront et le lac de Tunis retrouvera peut-être un jour son intégrité et serait l’un des plus beaux plans d’eau et port de plaisance du monde.

Ceci pour aboutir à quoi ? Pourquoi ne pas, à l’image du pont de Carthage, donner à Hassan Ibn Noomane le nom du pont suspendu, lui le premier qui a désenclavé Tunis et lui a assuré l’accès en mer, et notre pays qui a donné naissance à l’ifriqya se réconciliera ainsi avec son histoire.

A bon entendeur salut !