Ahmed Gdoura : «On a tout à gagner dans la coopération intermaghrébine»

Politiques, économistes et hommes d’affaires s’accordent sur
la nécessité de réaliser concrètement l’Union maghrébine. Une démarche qui tarde
encore à devenir réalité bien que l’Union du Maghreb Arabe vient de célébrer son
20ème anniversaire. En marge de la journée d’étude sur «le marché économique
maghrébin : Réalité et perspectives », organisé le 5 décembre 2008, nous avons
rencontré M. Ahmed Gdoura, économiste et conseiller, qui nous a dressé l’état
des lieux de la coopération intermaghrébine et les éventuelles voies de sortie.

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: Selon vous, comment rendre possible la coopération intermaghrébine ?

Ahmed Gdoura : Nous pouvons la rendre possible en harmonisant l’ensemble
des législations pour que les hommes d’affaires investissent, se déplacent
et s’implantent facilement. Il serait également très judicieux de
simplifier et d’harmoniser les procédures pour que les hommes d’affaires
acquièrent d’une manière aisée et facile les autorisations d’implantation
et de commercialisation des produits. Dans un espace unifié, il devrait y
avoir les mêmes procédures appliquées avec les mêmes normes. Nous devrons
garantir la liberté de transfert des capitaux, de déplacement des
personnes, déplacement des marchandises et des produits. Ce sont les quatre
fameuses libertés sans lesquelles l’économie de marché ne réussira pas.
Surmonter ces obstacles là pourrait être une énorme sécurité pour stimuler
l’investissement.

Il est également très important d’encourager le développement
d’entreprises de grande taille qui investissent dans des technologies très
avancées comme les complexes pétrochimiques et pharmaceutique, la production
d’engrais et de semences, etc. Nous pouvons ainsi avoir nos propres produits
conformément à nos besoins.

Pensez-vous que l’échec actuel de la coopération maghrébine soit dû à un
manque d’engagement des professionnels ou de la volonté politique ?

L’engagement et la conviction des professionnels ne font aucun doute. Ils
ont simplement besoin de la garantie que lorsqu’ils écoulent leurs
marchandises sur les marchés tiers, ils auront les autorisations nécessaires
et les facilités pour les commercialiser. Nous devons penser à cette
dimension. La construction se fait dans l’investissement et dans la
coopération durable, pérenne et à long terme. Je me permets de donner la
métaphore du corps maghrébin qui a deux pieds représentant l’économique et
le politique et deux mains représentant le secteur public et le secteur
privé. D’ailleurs, toutes les expériences internationales se sont
consolidées par l’économique accompagné par le politique qui pousse et
facilite cette entreprise économique.

On sait très bien que le coût du non Maghreb est énorme. Mais si le rêve
tant attendu se réalise, qu’a-t-on à gagner ?

Tout le monde sera gagnant : sur le plan économique et social, de point
de vue de notre positionnement avec les autres partenaires et aussi notre
force de négociation. Nos cadres trouveront de l’emploi, nous aurons un
meilleur taux de croissance, une meilleure autonomie et un meilleur
positionnement pour des produits stratégiques comme les médicaments et les
semences pour lesquels nous sommes dépendants des autres pays.