Jeux : les Français dépensent 2,4 millions d’euros par heure, comme en 2007

photo_1233582076534-1-1.jpg
çaise des Jeux à Boulogne-Billancourt (Photo : Joël Saget)

[02/02/2009 14:39:45] PARIS (AFP) Chevaux, Loto, casinos : les Français ont dépensé près de 2,4 millions d’euros à l’heure en 2008 aux jeux – autant qu’en 2007 – malgré l’interdiction de fumer dans les lieux publics et la crise économique, une constatation qui n’étonne pas les spécialistes interrogés par l’AFP.

En 2008, les trois opérateurs français ont totalisé au moins 21,018 milliards (20,947 en 2007) d’euros de recettes : 9,262 milliards d’euros pour le PMU (+ 4,8 %, 11e année consécutive de croissance); 9,203 milliards d’euros (- 1,1 %, seconde année de baisse) pour la Française des Jeux (FDJ); 2,553 milliards d’euros de produit brut des jeux (PBJ, différence entre mises et gains, une baisse historique de 8,4 %) pour les 197 casinos français qui ne communiquent jamais leur chiffre d’affaires global.

“En 2008, constate Robert Rochefort, président du Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (Credoc), les Français ont maintenu le niveau de leurs dépenses de jeu, devenu un objet de consommation comme un autre”.

Selon ce spécialiste de la consommation, “le jeu n’a pas souffert de la crise car l’argent en tant qu’objet a de plus en plus d’importance dans la société”. De plus pour M. Rochefort, l’année 2008 a connu des “innovations marketing” (nouveau Loto, augmentation de taux de redistribution de certains paris du PMU, possibilité de jouer un ou deux centimes d’euros dans les machines à sous de certains casinos).

Une analyse partagée par le sénateur François Trucy (UMP, Var), auteur de deux rapports d’information sur les jeux de hasard et d’argent. “Le PMU, dit-il fait preuve d’un gros dynamisme” pour se préparer à l’ouverture du marché des paris sportifs en ligne à la concurrence fin 2009.

Sur son site internet, le PMU a en effet enregistré 540 millions d’euros de paris hippiques en 2008 alors que la FDJ comptabilisait sur le sien 219 millions d’euros.

“L’interdiction de fumer a surtout pénalisé les jeux qui fonctionnent sur un mode très répétitif”, souligne le Pr Jean-Luc Vénisse, directeur du pôle universitaire d’addiction et de psychiatrie au CHU de Nantes. Ce spécialiste du jeu compulsif cite le Rapido (- 18,7 %) de la FDJ ou les machines à sous (plus de 90 % de l’activité des casinos qui ont connu une baisse de 8,4 % de leur CA). “Il y a de fortes relations, explique-t-il, entre l’alcool, le tabac et les jeux d’argent”.

Mais, ajoute le Pr Vénisse, “il est très difficile de mesurer l’impact de la crise économique” sur le secteur des jeux d’argent et de hasard. “Il n’est pas certain que la crise, qui provoque précarité et difficultés économiques pour des ménages, soit directement corrélée avec le niveau des sommes consacrées au jeu”. Pour lui, “il y a une dimension irrationnelle dans les dépenses d’argent au jeu”.

Le Pr Vénisse attend beaucoup des résultats de l’enquête épidémiologique lancée cette année auprès de 10.000 personnes pour mesurer les phénomènes d’addiction au jeu dans la société française.

De son coté, le sociologue des jeux, Jean-Pierre Martignoni assure que la crise économique a forcément un “impact sur les jeux puisqu’elle affecte le pouvoir d’achat et le moral des ménages”. Le contrôle aux entrées obligatoire depuis le 1er novembre 2006 et l’interdiction de fumer depuis le 1er janvier “ont bien eu un impact mais la hausse du prix de l’essence cette année n’est pas étrangère aux difficultés des casinos”, dit M. Martignoni qui boucle une étude sur les casinos.