Les rêves d’expansion de Ryanair sur ses propres terres se brisent à nouveau

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à l’aéroport de Belfast, le 1er décembre 2008 (Photo : Peter Muhly)

[22/01/2009 20:17:39] DUBLIN (AFP) Pour la deuxième fois en un peu plus de deux ans, les rêves d’expansion de la compagnie aérienne Ryanair sur ses terres irlandaises se sont brisés, le gouvernement ayant mis un terme définitif à sa tentative de rachat hostile de l’ex-compagnie nationale de l’île, Aer Lingus.

L’histoire remonte à octobre 2006. Le gouvernement irlandais vient à peine d’achever l’introduction en Bourse de la compagnie publique Aer Lingus, et n’en a gardé que le quart du capital, devant les salariés qui en détiennent un peu plus de 15%.

Quelques jours plus tard, Ryanair, la compagnie qui joue les trublions du ciel européen depuis sa création au milieu les années 1980, défendant le modèle des voyages aériens “low-cost”, aux prestations étriquées mais aux tarifs imbattables, se lance dans un coup de tonnerre à l’assaut de sa rivale, et propose de la racheter pour 2,80 euros l’action.

Cette première tentative fait un bide. Le gouvernement de Dublin, dirigé à l’époque par Bertie Ahern, la refuse, de même que la direction d’Aer Lingus, les salariés et tous les autres actionnaires clés. Résultat, en décembre de la même année, Ryanair est forcée de reconnaître son échec.

Début 2007, la Commission européenne enfonce le clou en jugeant que de toute manière, un rapprochement Ryanair/Aer Lingus serait contraire aux règles de la concurrence.

Mais elle autorise cependant Ryanair à conserver les actions d’Aer Lingus déjà acquises dans le cadre de son OPA ratée (26%), une participation que la compagnie à bas coûts portera en août 2007 à près de 30%.

Décembre 2008: Ryanair remet le couvert et lance une seconde OPA hostile. Cette fois, elle espère bien obtenir le feu de Bruxelles, plaidant que la flambée du pétrole et la crise économique ont rendu les compagnies aériennes plus fragiles et justifient un rapprochement qui créerait un “champion national” en Irlande.

Pour cette seconde tentative de rachat, Ryanair ne propose plus que la moitié du prix offert deux ans plus tôt: 1,40 euro par action, 748 millions d’euros au total, car la crise financière et des pertes ont fait chuter le cours de Bourse d’Aer Lingus autour d’un euro.

Mais cette offre est immédiatement rejetée par la direction d’Aer Lingus et, début janvier, Ryanair indiquait n’avoir récolté que 0,01% du capital.

Et ce jeudi, le gouvernement irlandais, dont l’ancien ministre des finances Brian Cowen a pris les rênes l’an dernier, a sonné le glas de cette seconde OPA, qui expirait officiellement le 13 février.

Le ministère des Transports, qui aurait pu gagner 188 millions d’euros en vendant ses parts, a fait savoir qu’il ne céderait pas ses 25%, alors que Ryanair devait obtenir au moins 90% du capital.

Raison invoquée par Dublin: le rachat d’Aer Lingus aurait créé un “monopole” sur le marché aérien irlandais, au détriment des consommateurs de l’île, et le prix proposé n’était pas suffisamment attractif.

Le tonitruant patron de Ryanair Michael O’Leary, qui s’était dit prêt la semaine dernière à relever son prix mais pas au-delà de 2 euros l’action, a été forcé d’admettre sa défaite.

Tout en affirmant que son échec condamnait Aer Lingus à rester une compagnie aérienne “isolée, petite, périphérique, déficitaire”, et réduite à s’allier à des partenaires encore plus mal en point qu’elle, comme l’américaine United Airlines (avec laquelle Aer Lingus coopère sur des liaisons transatlantiques).

Alors que Ryanair entend bien rester, selon son patron, l’une des quatre compagnies qui devraient subsister à terme en Europe, avec Air France-KLM, British Airways et Lufthansa.