Les gazoducs rouverts, Slovaquie, Hongrie et Bulgarie reçoivent du gaz

[20/01/2009 19:46:59] MOSCOU (AFP)

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ï Miller (Gazprom) dans la salle de contrôle de Gazprom, le 20 janvier 2009 à Moscou (Photo : Alexander Prokopenko)

La Russie et l’Ukraine ont enfin rouvert les vannes de leurs gazoducs mardi, mettant fin à trois semaines d’un conflit acrimonieux et riche en rebondissements, et la Slovaquie a été la première à recevoir à nouveau du gaz en milieu de journée.

Conformément aux promesses faites la veille et dans la nuit par les Premiers ministres des deux pays, Vladimir Poutine et Ioulia Timochenko, les groupes russe Gazprom et ukrainien Naftogaz ont remis en route leurs systèmes de transport gazier mardi en milieu de matinée.

La Slovaquie a été la première à en bénéficier, suivie de la Hongrie et de la Bulgarie. La plupart des autres pays devront patienter un peu plus longtemps.

Gazprom va livrer au total via l’Ukraine 423,8 millions de m3 par jour, dont 348,8 millions consacrés à l’exportation et 75 millions à la consommation ukrainienne. Ce volume total devrait être atteint dès mardi, a déclaré le numéro deux de Gazprom, Alexandre Medvedev dans une conférence téléphonique.

Le président de la Commission européenne José Manuel Barroso a salué le retour du gaz, mais n’a pas mâché ses mots envers Kiev et Moscou.

“Aujourd’hui, nous pouvons enfin saluer la reprise des livraisons de gaz russe à l’Europe”, a-t-il déclaré. “Nous pouvons maintenant dire à nos citoyens que le gaz est enfin en route”.

Il s’est toutefois dit “très déçu par la façon dont les dirigeants des deux pays ont négocié” pendant la crise. Malgré cela, il est dans l’intérêt de l’Europe de “maintenir et de développer nos relations avec la Russie (…) et avec l’Ukraine”, a ajouté M. Barroso.

C’est “la première fois de ma vie que je vois des accords annoncés avec aucune conséquence sur le terrain”, a-t-il souligné faisant allusion à un premier accord Russie-Ukraine-UE qui avait tourné court la semaine dernière. Il a ajouté que c’était “incroyable” et qu’il “ne l’oublierait pas”.

De son côté, la présidence ukrainienne a vivement critiqué le compromis conclu par Mme Timochenko.

“Je suis déçu et anéanti” par cet accord, jugé encore “pire” que celui proposé avant le Nouvel An, a déclaré à Kiev un haut responsable de l’administration présidentielle, Alexandre Chlapak.

Il a toutefois ajouté que “le président (Viktor Iouchtchenko) n’avait pas de moyen légal de s’opposer à ces décisions”, alors que les observateurs avaient pu craindre un temps que sa rivalité avec Mme Timochenko ne mette en péril l’accord avec Moscou.

Les dirigeants russe et ukrainien ont par ailleurs levé un coin du voile sur les accords signés la veille, mais des ambiguïtés demeuraient.

Selon Gazprom, l’Ukraine paiera son gaz 250 dollars les 1.000 m3 cette année. Mme Timochenko de son côté a évoqué un prix moyen de 228,8 dollars.

“Nous avons obtenu un prix de faveur pour donner à l’économie ukrainienne le temps de s’adapter”, a-t-elle dit, alors que le pays est au seuil d’une grave récession.

Elle a par ailleurs indiqué que l’Ukraine paierait un “prix spécial” de 153,9 dollars pour le “gaz technique” nécessaire pour maintenir la pression dans les gazoducs du pays. Kiev a en compensation accepté de ne pas augmenter les prix du transit du gaz russe vers l’Europe sur son territoire, a-t-elle expliqué.

La page tournée sur la crise, les pays et entreprises concernés vont pouvoir commencer à faire leurs comptes.

Gazprom de son côté a indiqué espérer compenser rapidement les pertes subies pendant la crise, estimées à 100 millions d’euros par jour de chiffre d’affaires, notamment en renflouant les stocks européens lourdement mis à contribution pendant le conflit.