Medvedev menace l’Ukraine de sanctions si la dette gazière n’est pas payée

[24/12/2008 18:18:15] MOSCOU (AFP)

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écembre 2008 à Moscou (Photo : Dmitry Kostyukov)

Le président russe, Dmitri Medvedev, a menacé mercredi l’Ukraine de “sanctions” si Kiev ne payait pas sa dette gazière vis-à-vis de la Russie, selon des extraits d’un entretien télévisé diffusés à l’avance par les agences russes.

Au même moment, le géant russe Gazprom a répété qu’il cesserait ses livraisons à l’Ukraine, pays clé pour le transit vers l’Europe, au 1er janvier si Kiev ne payait pas ses dettes d’ici là, mais a assuré qu’il remplirait ses engagements envers l’Europe.

L’Ukraine “doit payer cet argent jusqu’au dernier rouble s’ils ne veulent pas que leur économie, au final, se retrouve face à des sanctions et des réclamations de la Fédération de Russie”, a dit M. Medvedev.

Kiev doit payer aux alentours de 2 milliards de dollars pour le gaz russe acheté en 2008, sans quoi Moscou menace de ne pas renouveler son contrat de livraison et de cesser les livraisons au 1er janvier 2009.

Le président russe a par ailleurs estimé que les relations russo-ukrainiennes étaient au plus bas, alors que les deux pays entretiennent des liens difficiles depuis la Révolution orange fin 2004 qui porta au pouvoir un régime pro-occidental.

“En ce qui concerne nos relations dans l’ensemble (…) malheureusement, de mon point de vue, jamais un niveau aussi bas n’avait été atteint au cours de ces dernières années”.

L’Ukraine et la Russie s’opposent sur plusieurs dossiers, notamment le maintien en Crimée (sud de l’Ukraine) de la flotte russe de la mer Noire, alors que le contrat entre les deux pays sur cette question expire en 2017.

Le président ukrainien Viktor Iouchtchenko a aussi soutenu la Géorgie durant la guerre du mois d’août.

“La situation n’est pas simple, elle est même critique”, a déclaré par ailleurs le porte-parole de Gazprom, Sergueï Kouprianov, lors d’une conférence de presse.

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à Moscou, le 1er juillet 2006 (Photo : Alexander Nemenov)

Faute de règlement de la dette, il n’y aura pas de contrat de livraison à l’Ukraine en 2009, a-t-il rappelé. “Et s’il n’y pas de contrat en 2009, nous ne livrerons pas de gaz”, a-t-il souligné, “sans contrat, nous ne pourrons pas livrer de gaz”.

Cependant, “nous livrerons l’intégralité du volume de gaz destiné au transit et remplirons toutes nos obligations envers les consommateurs européens”, a ajouté M. Kouprianov.

Cet engagement ne garantit toutefois pas que les livraisons de gaz russe à l’Europe transitant par l’Ukraine –soit 80% du total– ne soient pas perturbées.

Mais contrairement à janvier 2006, où une crise similaire s’est produite, Gazprom se veut optimiste et dit ne pas s’attendre à ce que Kiev prélève du gaz passant par son territoire.

M. Kouprianov a noté que l’Ukraine avait désormais une obligation contractuelle d’assurer le transit du gaz vers l’Europe: “Cette obligation existe, elle est sans condition et n’est pas liée au contrat de livraisons de gaz à l’Ukraine”, a-t-il affirmé.

Le porte-parole de Gazprom a aussi relevé que les “réservoirs” de gaz en Ukraine étaient pleins, après le stockage de volumes en été, et que dès lors le pays n’aurait pas de problèmes à affronter l’hiver.

Et contrairement à l’hiver 2005-2006, M. Kouprianov a prédit que l’Europe ne volerait pas au secours de l’Ukraine, pays présenté à l’époque comme la victime de la Russie qui punissait Kiev pour sa politique pro-occidentale.

“Nos partenaires européens reconnaissent que la situation est claire, que la dette doit être payée”, a dit M. Kouprianov.

Gazprom réclame à l’Ukraine le paiement, d’ici au 31 décembre, de 805,8 millions de dollars au titre des livraisons pour novembre et 862,3 millions de dollars au titre de décembre, plus des pénalités de 450 millions de dollars, a-t-il précisé.

“On nous a dit assez clairement qu’on ne nous paierait pas”, a expliqué le porte-parole, ajoutant que les propositions ukrainiennes de règlement du conflit était “inacceptables”.

Le géant russe a rejeté la proposition du président ukrainien Viktor Iouchtchenko de lui rendre du gaz acquis en été et stocké dans ses réservoirs souterrains en remboursement de sa dette gazière.

“La restitution n’est pas prévue par le contrat”, a souligné M. Kouprianov. “Même chez Ikea, le délai de restitution est d’un mois”, a-t-il ironisé.