Coopération : Tunis et Séoul mettent le turbo

En poste depuis deux ans à Tunis, M. Son Se Joo, ambassadeur de
Corée, est un homme heureux. Car ayant pour mission, comme tous les
ambassadeurs, de développer les relations de son pays avec celui qui
l’accueille, il est en train d’atteindre les objectifs fixés.

Le diplomate aime à souligner, d’abord, l’augmentation des
échanges commerciaux entre les deux pays, en particulier au cours des deux
dernières années. «Jusqu’en 2006, le commerce tuniso-coréen représentait moins
de 100 millions de dollars. En 2007, il a franchi cette barre (s’établissant à
118 millions $, ndlr), et a atteint 150 millions de dollars au cours des huit
premiers mois de 2008, dont 100 millions d’importations de la Tunisie. A la fin
de l’année, on devrait dépasser les 200 millions de dollars. Et ce chiffre
pourrait doubler au cours des deux ou trois prochaines années».

La coopération entre les deux pays s’est également intensifiée
dans d’autres domaines, notamment au cours des deux dernières années. Depuis
l’établissement de leurs relations en 1969, les deux pays ont conclu plusieurs
accords de coopération, dans divers domaines (abolition des visas, économie et
commerce, soins médicaux, promotion et protection de l’investissement,
prévention de la double taxation et de l’évasion fiscale, services aériens,
science et technologie, et environnement).

Active en Tunisie, la KOICA, agence coréenne d’aide au
développement, y finance la formation de Tunisiens en Corée, l’envoi d’experts,
les études de développement et l’envoi de volontaires Juniors et Seniors. A ce
jour, près de 200 Tunisiens ont été formés en Corée. Durant la seule année 2008,
80 stagiaires ont reçu une instruction dans le développement de l’industrie de
l’électricité, de la promotion des PME et de la gestion des déchets solides.

Concentrant désormais son action sur la bonne gouvernance, le
développement social et la correction des disparités régionales, et la
protection de l’environnement, la KOICA a réalisé ou initié plusieurs projets en
2008 (analyse de la dégradation des forêts de chêne-liège et l’engagement de la
population de Aïn Draham pour le développement durable, renforcement des
capacités de contrôle et d’évaluation de la qualité de l’air, développement de
la culture du coquillage et lancement d’une activité de sériciculture).

La coopération tuniso-coréenne pourrait également faire un grand
bond en avant dans d’autres domaines, au cours des années à venir. Pour ce
faire, Tunis et Séoul sont tombés d’accord, à l’occasion de la récente visite
dans ce pays de M. Mohamed Nouri Jouini, ministre du Développement et de la
Coopération internationale, pour créer des groupes de travail chargés d’élaborer
des plans d’action en vue de «développer la coopération économique entre les
deux pays et, en particulier, les investissements sud-coréens en Tunisie».

Au niveau de la coopération gouvernementale, un memorandum a été
conclu lors de cette visite, conformément auquel la Tunisie va bénéficier de
l’expérience coréenne en matière de «e-procurement» pour améliorer son système
public d’achats. «Ce système, l’un des plus développés en Corée en matière
d’administration électronique, améliore la rapidité, l’efficience et la
transparence», souligne M. Son Se Joo. Maintenant que «nous avons mis en place
le cadre de cette coopération, nous allons faire venir des experts pour discuter
de l’organisation publique ici en Tunisie», annonce le diplomate.

La récente visite de M.Jouini à Séoul pourrait apporter du
nouveau également en matière d’investissements coréens en Tunisie. En effet, le
ministre du Développement et de la Coopération internationale a eu à cette
occasion des rencontres, selon l’ambassadeur de Coréé, non seulement avec les
patrons d’entreprises coréennes déjà présentes en Tunisie –LG Electronics, Yura
Corporation et Hyundai Rotem-, mais également celui d’une entreprise
agroalimentaire envisageant de se lancer dans la culture, l’extraction et le
conditionnement d’huile d’olives. Une équipe de cette entreprise est venue fin
novembre à Tunisie pour étudier la faisabilité de ce projet.

«C’est la troisième mission qu’effectue cette société qui
préfère investir elle-lmême dans la location d’une terre pour cultiver les
oliviers, conditionner elle-même l’huile produite, dans une usine à créer, et
l’exporter vers la Corée». Fruit de cette de montée en puissance de la
coopération, l’échange de visites s’accélère également. Peu avant la visite de
M. Jouini à Séoul, le vice-ministre des Affaires étrangères coréen, s’est
déplacé à Tunis pour la réunion de la neuvième commission mixte. De même, la
Commission mixte de la science et de la technologie, créée en 2006, doit tenir
sa deuxième réunion en décembre à Séoul. «Ce sera une nouvelle occasion de
renforcer davantage la coopération scientifique et technologique entre les deux
pays Ce domaine est très important, pour nous comme pour vous. Car, comme la
Corée, vous n’avez pas beaucoup de ressources naturelles, mais vous avez les
ressources humaines. Vous avez également la stabilité politique et sociale, et
les femmes tunisiennes sont actives –tout comme les coréennes qui ont contribué
à la croissance rapide de l’économie. Donc, nous avons des points essentiels en
commun», constate l’ambassadeur.

L’année 2009 pourrait voir les deux pays accélérer davantage la
cadence, en matière de coopération, donc de visites. Car 2009 les verra célébrer
le 40ème anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques, avec des
festivités déjà prévues à la fois à Séoul et à Tunis.