Poutine : le gaz bon marché, c’est fini

[23/12/2008 18:51:46] MOSCOU (AFP)

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écembre 2008 à Moscou au Forum des pays exportateurs de gaz (Photo : Natalia Kolesnikova)

Le Premier ministre russe, Vladimir Poutine, a averti mardi les pays consommateurs que les prix du gaz pourraient augmenter, au cours d’un forum à Moscou des principaux pays producteurs dont les intentions suscitent des craintes quant à la possible création d’une “Opep du gaz”.

“L’époque des ressources énergétiques bon marché, du gaz bon marché, touche à sa fin, en dépit des problèmes financiers connus”, a déclaré M. Poutine dans un discours au Forum des pays exportateurs de gaz (FPEG) réunis à Moscou.

“La crise financière et la crise économique qui a suivi sont devenues une épreuve sérieuse pour le secteur du pétrole et du gaz dans le monde”, a ajouté le chef du gouvernement russe.

“D’août à novembre, les prix du pétrole ont été presque divisés par quatre”, alors que “les frais pour l’exploitation, la production et le transport de gaz augmentent inévitablement”, a-t-il souligné.

L’évolution des cours mondiaux du pétrole, sur lesquels sont indexés ceux du gaz, figure parmi les sujets abordés par le FPEG.

Les déclarations de M. Poutine interviennent après une crise de plusieurs mois entre l’Ukraine et la Russie, concernant les dettes de Kiev auprès du géant gazier russe Gazprom et le prix que l’Ukraine devra payer après le Nouvel An.

Gazprom fournit un quart du gaz de l’Union européenne, principalement via l’Ukraine. La Russie est le principal producteur mondial de gaz et l’un des plus grands producteurs de pétrole.

Des participants à cette rencontre se sont efforcés de convaincre que le but de ce forum étaient de finaliser et d’approuver une charte plutôt que de créer un cartel du gaz sur le modèle de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) pour influer sur les prix.

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éserves des pays membres en pourcentage

“Le but de la rencontre est de faire (du FPEG) un format plus organisé et nous attendons des décisions en ce sens”, a déclaré le vice-président de Gazprom, Alexandre Medvedev. “Ceci est une non ‘Opep gaz'”, a-t-il insisté.

“Ce n’est pas un cartel, nous défendons nos intérêts nationaux”, a renchéri le ministre vénézuélien de l’Energie, Rafael Ramirez. “Notre réunion est importante au sens stratégique, dans la mesure où elle tient compte d’une situation de crise de l’économie, à laquelle il faut faire face au niveau mondial”, a-t-il ajouté.

La réunion d’aujourd’hui “démontre notre sérieuse détermination à continuer à échanger des informations”, a commenté pour sa part le ministre iranien de l’Energie, Gholam Hossein Nozari.

Son homologue vénézuélien a toutefois laissé la porte ouverte à la création d’une “Opep du gaz” : “nous voyons dans ce forum une occasion de bâtir une organisation solide se fondant sur les même principes qui ont donné naissance à l’Opep”, a déclaré Rafael Ramirez.

Le FPEG est une organisation informelle rassemblant peu ou prou les principaux pays détenteurs de réserves de gaz, mais n’est pas comparable à l’Opep, qui est un véritable cartel doté de statuts et dont les décisions s’imposent à tous les membres.

La Russie, l’Iran et le Qatar – trois premiers détenteurs de réserves de gaz avec environ 60% des réserves mondiales – avaient annoncé fin octobre la création d’une “troïka”, afin de dynamiser l’assemblée des exportateurs de gaz, sans la transformer pour autant en cartel sur le modèle de l’Opep.