Les bateaux du Vendée Globe jouent à cache-cache avec les glaces

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Un iceberg de Adelaide Island, dans l’Antarctique, en 2008 (Photo : Pete Bucktrout)

[17/12/2008 10:13:37] PARIS (AFP) Les navigateurs du Vendée Globe craignent plus que tout les glaces flottantes lors de leur traversée des mers australes, mais cette édition 2008-2009 est placée sous la protection des satellites, qui minimisent les risques de collisions avec des icebergs perfides.

Pour la première fois dans l’histoire de cette course de titans des mers, les skippers du Vendée Globe se sont engagés dans l’océan Indien pour contourner l’Antarctique avec l’assurance d’éviter les icebergs d’au moins 150 m de long, grâce à un système expérimental mis en oeuvre par la société toulousaine CLS.

“Après tomber par-dessus bord, la glace est +le+ danger le plus important” pour ces navigateurs, a rappelé mardi à l’occasion d’une conférence de presse à Paris le directeur de la course, Denis Horeau : en 2004, Sébastien Josse avait heurté un growler, un petit iceberg de la taille d’une commode qui avait broyé l’avant de son bateau.

Or les glaces sont partout, dérivant toujours plus au nord en raison du réchauffement climatique. D’où la nécessité de les repérer pour que les skippers puissent les éviter.

Pour cette édition 2008-2009 du Vendée Globe, la société CLS (Collecte Localisation Satellites) met à la disposition du PC Course un système expérimental permettant de détecter les plus gros icebergs et de prévoir leur dérive pour prévenir la flotte.

A Toulouse, CLS reçoit tous les deux jours du satellite Envisat de l’Agence spatiale européenne (Esa) une couverture de la zone dangereuse où doivent passer les voiliers. Sur ces clichés pris par radar, les analystes sont capables d’identifier des glaces flottantes comme C19 A, bloc détaché de la plateforme de Ross en 2002 et qui dérive encore, ainsi que les zones où se trouvent de nombreux objets moins importants.

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étachant de la couche de l’Antarctique, en 2008 (Photo : Jim Elliott)

Connaissant “les courants, les vents, l’état de la mer, la température de l’eau, la forme et la taille de l’iceberg pour avoir une idée de comment il va se désagréger”, il est possible de prédire la route que les glaces suivront et de prévenir le PC Course, a expliqué le directeur de l’océanographie spatiale à CLS, Philippe Escudier. Entre le 9 et le 13 décembre, l’iceberg RO10 a ainsi dérivé sur 50 milles selon un trajet prévu par CLS.

Aujourd’hui, a affirmé le directeur de la course, “100 % des concurrents disent qu’ils ne veulent pas de glace”.

D’où la mise en place de “portes”, des passages obligés pour les navigateurs, qui leur font éviter les zones à risque. Mais elles sont “mobiles”. Ainsi, prévenus de la présence d’icebergs et de growlers près de la porte N.2, dite Kerguelen, les organisateurs ont dû la déplacer de 130 milles vers le nord et de 600 milles vers l’ouest avant que les premiers de la flotte ne s’y présentent.

Le PC Course transmet par ailleurs ses informations à chaque concurrent, qui “peut les intégrer à sa cartographie : il a ainsi la position des icebergs qui s’affiche et il peut fixer sa trajectoire”, a indiqué Denis Horeau. Certaines zones sont également colorées en fonction des densités de glaces appréciées par les analystes radar de CLS.

Michel Desjoyeaux (Foncia), qui a pris la tête de la course mardi matin, se félicitait quelques heures plus tard de recevoir leurs informations: “Ca m’encouragerait s’ils ne faillissaient pas à leur mission”, lançait-il pendant une vacation radio.

Le jeu de cache-cache avec les icebergs autorisé par les données satellitaires a obligé les organisateurs du Vendée Globe à allonger le parcours de quelques centaines de milles. “Mais cela permet d’éviter d’envoyer 30 concurrents dans un champ de glace”, relativise Denis Horeau.