La finance islamique : mode d’emploi

0-interest.jpg«La
finance islamique est une industrie en pleine croissance, actuellement très
petite à l’échelle mondiale, mais différentes études ont montré qu’elle
deviendra un élément majeur du paysage financier à moyen terme», a affirmé
M. Ladislas Gallant, expert français basé à Bahreïn et membre de l’équipe en
charge du financement islamique au sein de la banque d’investissement Calyon,
à notre confrère L’Expression.

En effet, l’expansion du financement halal en dehors des pays islamiques
montre son habilité dans la conquête des nouveaux marchés, mais aussi la
pertinence d’un type de financement qui se différencie des banques
conventionnelles.

Le financement halal se propose de développer des techniques financières
en concordance avec l’éthique de l’Islam, en l’occurrence avec la Chariâa.
Sa spécificité réside dans la prohibition de l’intérêt ou ce qu’on appelle
l’usure. Ainsi, tout surplus tiré d’une transaction non basée sur des actifs
réels et préalablement possédés par le vendeur est illicite, à l’instar des
crédits de consommation et des crédits aux entreprises. Egalement, tout
investissement dont la nature d’activités est considérée incompatible avec
la Chariâa est exclu (jeux de hasard, bars, vente de viande de porc, etc.).

Pour éviter l’usure, les banques islamiques font appel à des techniques
financières compatibles avec les principes éthiques de l’Islam :

– La moudharaba qui consiste à permettre à un promoteur de mener son
projet grâce à la contribution d’une partie tierce, en l’occurrence la
banque, chargée de le financer. Dans ce genre de financement, les
pourvoyeurs de capitaux supportent seuls les pertes.

– La musharaka est un partenariat entre deux parties qui partagent le
financement du projet. Seule l’une d’elles est chargée par sa gestion. Sur
le terrain, on parle plutôt de la musharaka mustanaquissa. Son principe
repose sur le financement de l’acquisition d’un bien immeuble dont la banque
apporte près de 90% alors que le particulier se charge des 10% restants.

– La mourabaha est une sorte de contrat de vente, entre un vendeur et un
acheteur pour l’acquisition d’un bien réel. Le vendeur accorde une facilité
de paiement à l’acheteur tout en précisant la période de remboursement et la
marge bénéficiaire dans le contrat initial.

– L’ijara s’apparente en un mode de financement à moyen terme qui permet
à la banque d’acheter des équipements et des machines pour les transférer au
client. Il s’agit d’un contrat de location qui se rapproche du contrat de
leasing. Tout au long de la période de remboursement, la banque conserve le
titre de propriété des biens loués.

– Le soukouk est un certificat d’investissement utilisé généralement pour
financer les projets immobiliers ou d’infrastructure (des projets
déterminés). L’intérêt généré est assimilé à un profit prévu à l’avance dans
le contrat sous forme de gains du projet.

– L’istisna est un contrat de fabrication, qui consiste en un mode de
financement à moyen terme. En guise de ce contrat, le vendeur accepte de
fournir à l’acheteur des bien spécifiés après leur fabrication. Le délai de
livraison et le prix de ces biens sont fixés dans le contrat.

Toutes ses opérations financières sont gérées par un « sharia board »,
qui fait la spécificité des banques islamiques. Il s’agit d’un ensemble de
savants qui excelle tant dans la finance que dans les sciences religieuses.
Leur rôle consiste à contrôler la conformité des opérations effectuées par
la banque et vérifier leur comptabilité avec les règles éthiques de l’Islam.

Lire aussi :

– A l’heure du financement halal

– Mafoudh Barouni, DGA de la Best Bank :
« La finance islamique possède une dimension morale qui n’existe pas ailleurs »