Le financement des lignes TGV compliqué par la crise financière

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à la sortie de la gare de Bordeaux-Saint-Jean, le 8 mai 2008 (Photo : Jean Pierre Muller)

[24/10/2008 12:51:59] PARIS (AFP) En réduisant les vannes du crédit et en pesant sur les ressources des Etats, la crise financière pourrait compliquer la réalisation de certains grands projets d’infrastructure, comme les futures lignes ferroviaires à grande vitesse (LGV).

Le futur TGV argentin, dont les travaux devaient commencer avant la fin de l’année, pourrait ainsi être retardé à cause de la crise, qui rend difficile le bouclage du tour de table financier, selon des sources argentines.

Selon la presse française, le projet subit aussi les effets de la fragilisation de la banque française Natixis, touchée par la crise et censée apporter 1,3 milliard de dollars.

En France, Réseau ferré de France (RFF) vient de reporter, pour cause de crise financière, la date limite de dépôt des offres pour la réalisation d’un nouveau système de télécommunication ferroviaire, baptisé GSM-R, un contrat d’environ 600 millions d’euros.

Du coup, le député UMP Hervé Mariton, rapporteur spécial du budget des transports, s’interroge sur les autres projets ferroviaires français.

“Si, sur un sujet comme le GSM-R qui n’est pas énorme et dont la rentabilité économique n’est pas contestée, on a déjà un report à cause de la crise, on peut se dire que c’est plus difficile pour les autres projets” ferroviaires, poursuit Hervé Mariton.

Le gouvernement veut construire 2.000 km de lignes à grande vitesse (LGV) de plus d’ici 2020, des projets qui exigent des levées de capitaux de plusieurs milliards d’euros et des engagements financiers sur au moins trente ans sans que la rentabilité en soit complètement assurée.

Et, souligne Jérôme Pouyet, professeur à l’Ecole d’économie de Paris,”si le gouvernement commence à injecter des milliards d’euros dans le système financier, il faudra les trouver quelque part, et on peut peut penser à la suspension de projets d’infrastructure”, comme les LGV.

Sans que les LGV soient complètement annulées, on peut craindre qu’elles soient “au moins décalées dans le temps”, ajoute l’économiste des transports.

“Une crise d’une telle nature va freiner des décisions qui impliquent des investissements financiers du contribuable ou des banques”, abonde Jean-Pierre Audoux, président de la Fédération des industries ferroviaires françaises.

Chez Boygues Construction, candidat pour la construction de la future ligne Tours-Bordeaux, on souligne “les difficultés actuelles des banques à souscrire des engagements fermes pour des montants importants et des durées longues”.

Les discussions avec les banques seront “plus difficiles”, reconnaît Jean-Marc Delion, directeur général délégué de RFF, chargé de financer les LGV.

A cause de l’environnement financier, “bien sûr, j’ai des craintes”, affirme Alain Rousset, président de la région Aquitaine, qui négocie actuellement le montage financier de Tours-Bordeaux qui doit voir le jour en 2016.

Pour lui, rien n’indique que le projet soit remis en cause. Quant à savoir s’il pourrait y avoir des retards, “cela va dépendre de la façon dont le gouvernement (peut procéder) à une sécurisation des plans de financement”.

Si “l’Etat est capable de mobiliser 50 milliards pour les banques, il peut essayer de trouver quelques milliards pour sécuriser voire accélérer les projets d’infrastruture”, ajoute l’élu, en référence aux sommes envisagées par le gouvernement pour recapitaliser les banques.