Stratégie industrielle nationale : doublement des exportations et triplement des investissements à l’horizon 2016

Selon une récente étude sur «la stratégie industrielle
nationale à l’horizon 2016», lancée par l’Agence de Promotion de l’Industrie
(API), et réalisé par le bureau d’études Ernst & Young, la Tunisie verra ses
exportations doubler pour atteindre 30 milliards de dinars et ses
investissements industriels tripler pour atteindre 3 milliards de dinars.

Cette étude, qui a été présentée à l’occasion du premier Salon de la création
d’entreprises, affirme que la compétitivité de la Tunisie à l’échelle
internationale. Ce sont les industries mécaniques, électriques et électroniques
qui effectueront la plus grande montée en enregistrant 46% des exportations
industrielles à l’horizon 2016. Leur progression est estimée à 13,2% par an,
soit 13,402 MDT en 2016. De même que pour les investissements industriels
auxquels la contribution de ce secteur augmentera de 11,3% annuellement, soit
658 mDT à l’échéance.

Les exportations dans le secteur des industries textile, habillement et cuir
et chaussures augmenteront de 5,1% par an. Au niveau des investissements, ce
secteur aura une évolution de 6,9%. Les industries agroalimentaires et les
autres industries (IMCCV, ICH, ID, etc.) verront leurs exportations grimper pour
atteindre respectivement 3,401 MDT et 4,023 MDT, soit une évolution de 9% et de
5,4% annuellement.

L’étude relève, ainsi, que plusieurs enjeux se présentent à la Tunisie. En
premier lieu, «il s’agit de faire monter en gamme les secteurs industriels
historiques», à savoir : le textile/habillement et cuir et chaussures,
agroalimentaire, etc.

Pour le premier, le développement des activités de finissage est l’un des
objectifs phares de la nouvelle stratégie industrielle. On compte «passer de 40
millions de mètres de tissus (10% des besoins en 2007) à 140 millions de mètres
en 2016 (soit 40% des besoins)», selon l’étude. Pour l’ensemble du secteur,
l’objectif est d’atteindre 300 entreprises en 2016 contre 70 entreprises en
2007. L’ambition est de créer près de 120.000 emplois dont 40.000 dans les zones
de développement régional.

Concernant le secteur agroalimentaire, «la valorisation des produits,
notamment destinés à l’exportation, est le nouveau palier stratégique de
croissance de l’industrie agro-alimentaire». Il s’agit également d’accroître le
niveau d’intégration de la filière et de s’intéresser encore plus aux marchés
limitrophes. On vise également créer 34.000 emplois dans ce secteur d’ici 2016.
On compte effectuer l’agréage technique de 300 entreprises et la certification
de 400 autres en 2016.

Le secteur des industries mécaniques, électroniques et électriques continuera
sa montée grâce à des projets d’intégration à l’exemple d’une zone dédiée aux
composants aéronautiques. Les rédacteurs de l’étude recommande, ainsi,
d’«effectuer une meilleure couverture en local de l’industrie des composants,
majoritairement importés à ce jour». Il s’agit de cibler les opérateurs mondiaux
de premier plan, à savoir les investisseurs asiatiques fournisseurs des
principaux intrants, mais également d’adapter la formation aux besoins des
branches émergentes tels que l’aéronautique et le design. On estime que le
secteur générera près de 45.000 emplois d’ici 2016 dont 20.000 dans les zones de
développement régional.

Au niveau des autres industries (matériaux de construction, industries
chimiques, pharmaceutiques, etc.), on mise sur la création de 65.000 emplois à
l’horizon 2016. Le secteur des matériaux de construction aura de beaux jours
devant lui, notamment grâce aux grands projets immobiliers du Golfe.

Pour les secteurs TIC, la stratégie industrielle mise sur une contribution de
20% au PIB à l’horizon 2016 (elle est de 8% en 2007). 15.000 emplois seront
pourvus par le secteur, contre 6.000 en 2007. Les rédacteurs de l’étude
observent que «le secteur privé incluant les investissements étrangers, sera par
ailleurs, le principal pourvoyeur d’emplois et contribuera en grande partie à
l’envol du secteur». Ces objectifs seront possibles avec un développement du
marché local dans les applications classiques et surtout avec la mise en œuvre
d’une approche de ciblage des opérateurs mondiaux et la connexion aux grands
projets européens, grands consommateurs des TIC.

Par ailleurs, l’étude a relevé le développement d’un secteur émergent, celui
du Business Process Outsourcing (BPO), considéré comme un pilier de
l’exportation des services. La Tunisie présente, sur ce plan, plusieurs atouts :
la proximité favorable au «nearshoring», sa notoriété en tant que destination
des centres d’appels, la présence de cadres qualifiés et d’une formation des
Ressources Humaines bien adaptée.

M.O.