Economie mondiale : le FMI prévoit une forte croissance pour le Moyen-Orient et l’Asie

Un communiqué du Fonds monétaire international (FMI) nous
apprend que le Fonds vient de publier ce lundi l’édition d’octobre 2008 des
Perspectives économiques régionales : Moyen-Orient et Asie centrale. M. Mohsin
Khan, Directeur du Département Moyen-Orient et Asie centrale du FMI, a donné un
aperçu des principales conclusions du rapport.

«La région Moyen-Orient et Asie centrale continue
d’enregistrer en 2008 une forte croissance supérieure à la moyenne mondiale pour
la neuvième année consécutive. Cette croissance est sous-tendue par les prix
élevés des matières premières, la forte demande intérieure et la crédibilité des
politiques économiques mises en œuvre par les autorités.

Jusqu’ici, la région Moyen-Orient et Asie centrale a largement résisté à la
crise du crédit qui se poursuit à l’échelle mondiale et au ralentissement de
l’activité aux États-Unis et dans d’autres économies avancées. Toutefois,
l’inflation devient un problème crucial dans la région, dépassant nettement la
moyenne de tous les pays en développement et des économies de marché émergentes.

«Pour 2008, nous prévoyons une expansion du PIB réel régional d’environ 6,5%.
En 2009, la croissance devrait se poursuivre à un rythme légèrement inférieur
(près de 6%), niveau encore sensiblement plus élevé que la moyenne mondiale», a
déclaré M. Khan.

Les Perspectives économiques régionales (PER) portent sur 30 pays, répartis
en trois groupes à des fins d’analyse : exportateurs de pétrole, pays à faible
revenu et marchés émergents.

(Exportateurs de pétrole : Algérie, Arabie Saoudite, Azerbaïdjan, Bahreïn,
Émirats arabes unis, Iran, Iraq, Kazakhstan, Koweït, Libye, Oman, Qatar, Syrie
et Turkménistan. Pays à faible revenu : Afghanistan, Arménie, Djibouti, Géorgie,
Mauritanie, Ouzbékistan, République kirghize, Soudan, Tadjikistan et Yémen.
Marchés émergents : Égypte, Jordanie, Liban, Maroc, Pakistan et Tunisie)

Pour chacun des trois groupes, le rapport passe en revue les grandes
questions économiques et évalue les perspectives de croissance ainsi que les
enjeux de la politique économique. De plus, il examine de plus près les
problèmes de fond concernant les différents pays ou secteurs de la région.

Dans les pays exportateurs de pétrole, l’expansion devrait se poursuivre en
2008 à peu près au même rythme qu’en 2007, stimulée par les cours du pétrole qui
sont encore élevés par rapport aux moyennes historiques, et par une accélération
de la production pétrolière qui compense un léger recul de l’activité non
pétrolière. Mais la croissance devrait fléchir à 6% en 2009 en raison du
ralentissement mondial et de la baisse des cours du pétrole.

Selon les projections, la croissance du PIB réel dans les pays à faible
revenu marquera un léger recul en 2008 avant de rebondir en 2009, à mesure que
s’estompera la récente flambée des prix des denrées alimentaires. Les économies
de marché émergentes afficheront durant l’année en cours une croissance
vigoureuse, qui fléchira en 2009 à cause du ralentissement de l’économie
mondiale.

On prévoit que l’inflation régionale grimpera à 15% en 2008 et fléchira
légèrement en 2009 en raison de la baisse des prix alimentaires mondiaux.
Toutefois, les principales sources de tensions inflationnistes diffèrent selon
les groupes de pays. Elles varient du renchérissement des denrées alimentaires
et des carburants, qui a surtout touché les pays à faible revenu et les
économies de marché émergentes, aux fortes pressions exercées sur la demande
intérieure et aux goulets d’étranglement de l’offre dans les pays membres du
Conseil de coopération du golfe (CCG), sans compter l’affaiblissement (jusqu’à
la mi-2008) du dollar EU, monnaie de référence de nombreux pays du Moyen-Orient
et de l’Asie centrale.

Les PER font état de certains risques de détérioration de la situation par
rapport aux perspectives de la région Moyen-Orient et Asie centrale. La
croissance pourrait être inférieure aux prévisions si le ralentissement des
économies avancées est plus marqué et plus durable et si les effets de la crise
financière deviennent plus prononcés. L’inflation pourrait s’accroître en cas de
flambée des prix mondiaux des produits alimentaires et pétroliers, ou en cas
d’assouplissement excessif de la politique macroéconomique. Par contre, une
baisse des cours des matières premières atténuerait les tensions inflationnistes
dans la région, tout comme un raffermissement continu du dollar EU dans les pays
dont la monnaie est arrimée à cette unité de référence. S’il est peu probable
que les institutions financières des pays du Moyen-Orient et de l’Asie centrale
souffrent grandement de la crise financière mondiale, quelques pays sont exposés
à un risque de contagion extérieure et le secteur financier de certains pays est
très exposé aux marchés immobiliers régionaux.

Selon le rapport, la région est confrontée à deux grands défis de politique
économique à court terme : le risque d’une hausse de l’inflation et la nécessité
d’accroître la résistance et la souplesse du secteur financier régional.

De nombreuses banques centrales de la région ont déjà relevé les taux
d’intérêt face à la hausse de l’inflation, mais les réactions en matière de
politique économique ont été modestes jusqu’ici et les taux d’intérêt restent
globalement négatifs en termes réels. Tous les pays devraient être
particulièrement attentifs aux effets secondaires de l’inflation et, pour cette
raison, devraient éviter des augmentations salariales à grande échelle.

Le renforcement du système bancaire devrait être considéré comme un objectif
important, surtout en raison de l’environnement mondial. En outre, les décideurs
devraient suivre de près l’évolution des prix immobiliers et évaluer la
vulnérabilité du système financier aux corrections des prix des propriétés et
aux tensions de liquidité.

Communiqué FMI