La clause de non-concurrence : attention aux abus …

Par : Autres
 

Dans les pays développés, cette clause est réservée aux cadres exécutifs,
haut placés de l’entreprise qui en savent beaucoup et dont le départ chez la
concurrence peut porter préjudice à l’ancien employeur. Dans ces cas, cette
clause est rédigée par les avocats de l’entreprise ; elle est ensuite revue,
discutée et validée par les avocats de l’employé (qui peut se les
permettre).

Apres tout ça, si l’employé décide de la contourner, il y arrive 9 fois sur
10. En Tunisie, la clause a plu et certains ont décidé de la généraliser a
toutes les échelles et c’est la l’erreur. Il y a une chose très importante
que les chefs d’entreprise oublient souvent : si on en arrive à forcer les
cadres à rester, c’est la preuve qu’on pense qu’il n’y a rien d’autre qui
pourrait les retenir dans l’entreprise.

Et si cette manœuvre fonctionne, ces cadres ne seront jamais productifs et
loyaux. Pour retenir les compétences, il faut leur offrir un plan de
carrière, les motiver et les payer à la hauteur de leur contribution. Mais
cela est très dur à mettre en place dans l’entreprise tunisienne pour des
raisons culturelles évidentes. Sur le plan économique, ces clauses d’un
autre temps accentuent la précarité de l’emploi, n’aident pas à la
résorption du chômage (c’est le moins qu’on puisse dire !), réduisent la
mobilité des talents et réduisent par la même occasion la dissémination du
savoir-faire.

Dissémination du savoir-faire ne veut pas dire copier des systèmes,
logiciels ou processus brevetés mais dupliquer des pratiques saines et
productives. Mais quand on voit court, on ne voit pas ces bénéfices et on se
concentre sur le souci immédiat de remplacer quelqu’un qu’on sous-payait
ou/et sous-estimait par un autre qui sera payé plus et en saura moins … Je
suis d’accord sur la légalité de certaines clauses de non-concurrence bien
écrites. Je pense toutefois que c’est seulement une tentative désespérée de
forcer la main de l’employé ; ça peut intimider certains mais ca tient
rarement devant un tribunal. Imaginer juste une clause de non-concurrence
pour un cadre de banque ou, pire, un journaliste. Ils (elles) feraient quoi
pendant 2 ans ?
Remplir des cafés déjà pleins à craquer ?

Merci,

Zied A. Jalali


Réaction pour l’article : Des patrons… et les législations des pays
développés