Les Etats-Unis reconnaissent être en crise mais espèrent un redressement

[15/10/2008 21:17:40] WASHINGTON (AFP)

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é de son secrétaire au Trésor Henry Paulson et de sa secrétaire d’Etat Condoleezza Rice, le 15 octobre 2008 à Washington (Photo : Tim Sloan)

Les autorités américaines ont reconnu mercredi que l’économie des Etats-Unis va affronter des temps difficiles mais elles comptent sur le plan de sauvetage bancaire pour réamorcer la pompe du crédit et éviter une récession prolongée de l’économie.

“Nous allons devoir affronter un certain nombre de défis pendant un certain nombre de mois. Cela va prendre du temps pour surmonter cette phase”, a admis le secrétaire au Trésor Henry Paulson, sur la chaîne de télévision ABC.

Sans prononcer le terme de récession, il a reconnu qu’il y aurait des “cahots sur la route, des défis” mais il a affirmé que les Etats-Unis ont, grâce au plan de sauvetage bancaire de 700 milliards de dollars adopté début octobre par le Congrès, “les instruments nécessaires” pour redresser la barre.

Peu après, plusieurs indicateurs économiques ont été publiés, dont les ventes de détail qui ont chuté de 1,2% en septembre — deux fois plus vite que prévu — signe de l’essoufflement de la consommation, le moteur principal de l’économie américaine.

“Le consommateur a ralenti ses achats avant même que les marchés (financiers) ne chutent, ce n’est pas une bonne nouvelle pour l’économie”, a estimé l’économiste Joel Naroff, qui s’attend à “une longue période de croissance négative ou très lente”. D’autres indicateurs sont passés au rouge, notamment l’indice de l’activité industrielle dans la région de New York en octobre, tombé à son plus bas niveau historique. En outre, plusieurs grandes entreprises ont annoncé des plans de restructuration: l’allemand Daimler va supprimer 3.500 emplois en Amérique du Nord et l’américain Pepsico 3.300.

Wall Street a accusé le coup et perdait plus de 5% deux heures avant la fin de la séance, le marché s’inquiétant de l’impact pour l’économie réelle de la crise financière qui a démarré il y a un an mais s’est exacerbée depuis la mi-septembre après la faillite de Lehman Brothers.

Le président de la banque centrale (Réserve fédérale) Ben Bernanke ne les a pas vraiment rassurés. Il a indiqué que la reprise n’était “pas pour tout de suite” notamment parce que le “dégel des marchés du crédit prendra du temps”.

La présidente de la Réserve fédérale américaine de San Francisco, Janet Yellen, avait déjà préparé le terrain en affirmant mardi que les Etats-Unis semblaient entrés en récession.

En dépit des nuages qui s’accumulent à l’horizon, le président George W. Bush s’est voulu optimiste: “j’ai confiance qu’à long terme, l’économie américaine se redressera”.

M. Bush a défendu le plan de stabilisation bancaire qui prévoit depuis mardi l’entrée de l’Etat dans le capital de dizaines de banques. Pour le président, il s’agit de “mesures exceptionnelles” et il a nié que ce plan puisse aboutir à un interventionnisme exagéré sur l’économie.

Pour M. Bush, ce plan était “indispensable”, sinon “le gel des crédits, l’incapacité pour les banques à prêter aux entreprises auraient eu un impact sur les travailleurs et les petites et moyennes entreprises”.

Pour un bon nombre d’économistes, une vraie reprise passera toutefois par l’adoption d’un nouveau plan de relance aux Etats-Unis même si cela doit encore creuser la dette (plus de 10.000 milliards de dollars).

La présidente démocrate de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, a proposé une session sur le sujet juste après la présidentielle du 4 novembre. En attendant, les deux postulants, le démocrate Barack Obama et le républicain John McCain rivalisent de propositions pour séduire un électorat pour lequel l’économie est devenue pratiquement l’unique préoccupation, selon une enquête parue mercredi du Pew Research Center.

Face au spectre de la récession, les pays du G8 (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Italie, Japon et Russie) ont réaffirmé leur unité. “Nous sommes confiants, qu’en travaillant ensemble, nous surmonterons les défis actuels et rétablirons la stabilité de nos économies et la prospérité”, on-t-ils déclaré dans un communiqué rendu public par la Maison Blanche.