La crise financière fait tâche d’huile dans l’économie réelle

 
 
[08/10/2008 15:28:10] PARIS (AFP)

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ées sur le parking d’une usine Renault à Douai (Photo : Philippe Huguen)

Immobilier, automobile, restauration … La crise ne se cantonne plus au secteur financier, mais gagne secteur après secteur l’économie réelle via une raréfaction du crédit.

Dernier exemple en date: les prix des logements anciens, après plusieurs années fastes, ont baissé de 2,9% au troisième trimestre, selon des chiffres publiés cette semaine par la Fédération nationale de l’immobilier (Fnaim).

Avec la tourmente financière, “les banques prêtent moins, et à des taux plus élevés”, explique Nicolas Bouzou, analyste chez Asteres, ce qui rend plus difficile l’acquisition d’un logement.

Autre secteur qui devrait être touché dans les mois à venir: l’automobile, alors que les ventes de véhicules neufs sont pour l’instant en hausse. La crise “va compliquer les gros achats, comme une voiture”, commente Alexander Law, analyste chez Xerfi.

La crise n’a pas pour seule conséquence un report des achats les plus importants: les Français, qui souffrent déjà de la baisse de leur pouvoir d’achat, sont devenus plus prudents au quotidien et taillent dans les dépenses jugées secondaires.

Les professionnels de la restauration constatent une forte baisse de la fréquentation, tandis que le volume des ventes de produits de beauté et de parfums a baissé cet été, selon une étude du cabinet NPD.

“La consommation des ménages va être très affectée, les gens vont faire des arbitrages”, en se tournant par exemple vers le hard discount pour l’alimentation, estime M. Law.

Conséquence de cette moindre propension à consommer, les entreprises souffrent, d’autant qu’elles sont elles aussi victimes du durcissement des conditions du crédit.

Comme les particuliers, elles cherchent à réduire certains budgets: les dépenses publicitaires devraient ainsi augmenter moins fortement en 2008 et en 2009 que l’an dernier, prévoit l’agence ZenithOptimedia.

L’incertitude actuelle “incite tout le monde à l’immobilisme”, estime M. Law. “Les projets d’investissement sont repoussés”, renchérit M. Bouzou.

Les investissements des entreprises devraient marquer le pas jusqu’à la fin de l’année, après avoir déjà baissé au deuxième trimestre, selon l’institut national de la statistique (Insee).

Certains secteurs devraient toutefois être épargnés dans un premier temps, comme les télécoms, où les gens sont liés par abonnement, ou encore la santé, avec des dépenses incompressibles, selon Alexander Law.

“Les conséquences sur l’économie réelle pourraient être encore plus fortes” si les banques décidaient de fermer complètement le robinet du crédit, avertit Eric Dubois, chef du département conjoncture à l’Insee, pour lequel cela n’a pas encore été le cas jusqu’à fin septembre.

Mais pour Karine Berger, analyste chez Euler Hermes SFAC, la situation s’est durcie depuis. “Cet argent est en train de manquer”, souligne-t-elle.

Les effets de la crise financière se font déjà sentir au niveau du marché du travail. Le nombre de chômeurs inscrits à l’ANPE a bondi de plus de 41.300 en août.

“L’emploi intérim a commencé à plonger au deuxième trimestre” et les transformations de CDD en CDI se font plus rares, ajoute M. Bouzou. Sans compter les mises au chômage technique, comme celle prévues dans les usines PSA Peugeot Citroën de Sochaux (Doubs) et Mulhouse (Haut-Rhin) au troisième trimestre. “Cela va certainement se prolonger par des licenciements économiques”, avertit-il.

“Le troisième trimestre va être très très dur en matière d’emploi”, prévient Karine Berger. Et selon M. Bouzou, ces difficultés devraient se prolonger après la sortie de crise, vue pour fin 2009, début 2010.

 08/10/2008 15:28:10 – Â© 2008 AFP