Nigeria : poursuite des attaques dans le sud, Shell ciblée deux fois

 
 
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Le logo de Shell (Photo : Tengku Bahar)

[17/09/2008 10:53:23] LAGOS (AFP) Pour la quatrième fois en trois jours, le géant pétrolier anglo-néerlandais Shell a été attaqué dans le sud du Nigeria par le Mend, alors que les autorités semblent toujours minimiser l’opération “Barbarossa” lancée dimanche par le principal groupe armé du delta du Niger.

Dans un premier courriel, le Mouvement pour l’émancipation du delta du Niger (Mend) affirme avoir détruit mardi soir la station de pompage d’Orubiri (Etat de Rivers), “en collaboration avec un autre mouvement armé, la Force des volontaires du peuple du delta du Niger (NDVF)”.

Le porte-parole des forces police-armée dans la région (Joint Task Force), le lieutenant-colonel Musa Sagir, a confirmé l’attaque à l’AFP, précisant qu’elle avait été menée à la bombe et aux explosifs par un commando à bord de huit vedettes rapides.

Il a démenti les affirmations du Mend selon qui des soldats ont été tués ou blessés et a indiqué qu’un incendie s’était déclaré dans la station.

Shell n’avait pas pour sa part fait de commentaire sur cette attaque à 10H30 GMT.

Dans son second message, le Mend affirme avoir “fait exploser vers 09H30 (08H30 GMT) un important tronçon d’un oléoduc qui semble appartenir aux compagnies Shell et Agip, à Rumuekpe, dans l’Etat de Rivers”.

Il s’agit de la quatrième opération du Mend contre Shell depuis qu’il a proclamé dimanche une “guerre du pétrole” sous le nom de code “Ouragan Barbarossa”.

Le groupe armé menace d’ailleurs de s’en prendre au site offshore Agbami de l’américain Chevron et, comme en juin dernier, à une autre importante unité de production offshore de Shell, le FPSO Bonga. “Nous conseillons à tous les travailleurs d’évacuer Bonga et Agbami avant l’arrivée de l’Ouragan Barbarossa”, poursuit le groupe clandestin.

Ancré à 120 km au large de Lagos, le FPSO Bonga (Floating, Production, Storage and Offloading) a une capacité de 225.000 barils/jour quand il tourne à plein régime. Shell y avait totalement interrompu sa production, invoquant pour juin et juillet la clause de “force majeure”. Cette clause, courante dans les milieux pétroliers, permet de suspendre ses obligations contractuelles, telles que les livraisons de pétrole et de gaz, à la suite d’événements imprévus, sans encourir de pénalités.

Cette attaque avait fait souffler un vent de panique car c’était la première contre cette plate-forme offshore lointaine, considérée jusque-là comme inviolable et en tout cas vitale pour le pays.

Depuis son apparition début 2006, le Mend, qui affirme se battre pour les populations locales et un meilleur partage des richesses pétrolières, a multiplié attaques, enlèvements d’expatriés et sabotages.

Ces violences ont fait perdre au pays environ un quart de sa production quotidienne d’or noir et, en avril, sa place de premier producteur africain au profit de l’Angola, selon des chiffres de l’OPEP.

Le Nigeria perd aussi quelque 80.000 barils de pétrole par jour rien que dans le trafic illégal, souvent organisé par des hommes politiques influents.

Actuellement, la production oscille entre 1,8 et 2 millions de barils par jour, contre 2,6 mbj il y a deux ans. Les autorités ambitionnent d’atteindre 4 mbj en 2010, un objectif totalement irréaliste pour la majorité des spécialistes.

Du côté des autorités nigérianes, on ne dramatise toujours pas l’opération “Barbarossa” et on préfère insister sur les aspects politiques du “dossier Delta”, notamment la création récente d’un ministère spécifique chargé du développement et de la pacification de cette région vitale pour le pays.

Un gouverneur de la région a ainsi tenu mardi à assurer les compagnies étrangères que la sécurité était garantie pour leurs employés.

“Ce qui se passe actuellement n’est bon pour personne”, a simplement commenté à l’AFP un responsable d’une compagnie occidentale.

 17/09/2008 10:53:23 – Â© 2008 AFP