Pétrole-Nigeria : les attaques se multiplient dans le delta du Niger

 
 
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évrier 2006 (Photo : Dave Clark)

[15/09/2008 17:08:35] LAGOS (AFP) Le groupe armé Mend a attaqué lundi à l’aube une station de pompage du géant anglo-néerlandais Shell dans le sud du Nigeria, premier acte d’une “guerre du pétrole” annoncée officiellement dimanche par le groupe et alors que les attaques se sont intensifiées ces dernières 48 heures.

La station pétrolière et gazière d’Alakiri, à une dizaine de km des côtes de l’Etat de Rivers, dans le delta du Niger, a été attaquée peu après minuit “à la dynamite et autres explosifs” par des hommes armés à bord d’une dizaine d’embarcations, a précisé à l’AFP le lieutenant-colonel Musa Sagir, porte-parole de la Joint Task Force (JTF, armée-police).

“Les attaquants ont été repoussés”, a-t-il poursuivi, précisant qu’un incendie s’était déclaré durant les échanges de coups de feu.

Un professionnel du secteur qui a requis l’anonymat a confirmé l’incendie et qualifié cette attaque de “sérieuse”. Un porte-parole de Shell a de son côté indiqué à l’AFP que des “vérifications” étaient en cours pour évaluer les dégâts.

Principal mouvement armé de cette région d’où le Nigeria tire 90% de ses devises, le Mouvement d’émancipation du delta du Niger (Mend) a revendiqué l’attaque dans un courriel.

“Des combattants fortement armés ont détruit l’installation comme promis. Des employés et des soldats qui n’avaient pas tenu compte de nos avertissements ont péri”, poursuit le groupe armé qui avait annoncé dimanche le lancement d’une “guerre du pétrole” sous le nom de code “Ouragan Barbarossa”.

Le groupe avait alors recommandé aux compagnies d’évacuer leurs personnels et précisé qu’il allait s’en prendre aux pétroliers et méthaniers étrangers qui s’approchent du delta, en leur conseillant “de mouiller en haute mer ou de changer de cap”.

Aucun bilan humain n’a été évoqué par les autorités.

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Carte du Nigeria

Tout en annonçant de nouvelles opérations dans les jours prochains, le Mend a réitéré lundi son appel aux compagnies pour qu’elles évacuent “tous leurs personnels de tout le delta du Niger et arrêtent immédiatement la production”.

Depuis son apparition début 2006, le Mend a multiplié attaques, enlèvements d’expatriés et sabotages sur terre et sur mer, faisant perdre au pays environ un quart de sa production quotidienne d’or noir, ainsi que depuis quelques mois sa place de premier producteur africain au profit de l’Angola selon des chiffres de l’OPEP.

Le Nigeria perd aussi quelque 80.000 barils de pétrole par jour rien que dans le trafic illégal, souvent organisé par des hommes politiques influents.

Actuellement, la production oscille entre 1,8 et 2 millions de barils par jour alors qu’il y a deux ans elle tournait autour de 2,6 mbj. Les autorités ambitionnent d’atteindre 4 mbj en 2010, un objectif totalement irréaliste pour la majorité des spécialistes.

Politiciens locaux ? Ex-militaires ? Personne ne sait exactement qui se cache derrière le Mend, qui se présente comme le champion de la cause ijaw, une ethnie de 14 millions de personnes. On ignore également tout de ses effectifs et de son financement.

Face au déclenchement annoncé d'”Ouragan Barbarossa”, le lieutenant-colonel Sagir a menacé de “nettoyer” la région des “bandes criminelles”.

“La saison des enlèvements, sabotages et de l’illégalité” va bientôt être terminée”, a-t-il déclaré à la presse dimanche.

Dimanche, une installation de la compagnie américaine Chevron avait essuyé des coups de feu dans le même Etat de Rivers, et mardi dernier, deux Sud-Africains du secteur pétrolier avaient été enlevés dans la région.

Les autorités fédérales sont pour l’instant totalement silencieuses. Le président Umaru Yar’adua a récemment annoncé la création d’un ministère pour le développement et la pacification du delta du Niger, une initiative immédiatement rejetée par le Mend.

 15/09/2008 17:08:35 – Â© 2008 AFP