Crise financière : la plus grave depuis un siècle, selon Alan Greenspan

 
 
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ésident de la Réserve fédérale américaine, le 21 octobre 2007 à Washington (Photo : Stephen Jaffe)

[14/09/2008 22:06:14] WASHINGTON (AFP) La crise financière actuelle est la plus grave depuis 50 ans et probablement depuis un siècle, a estimé dimanche Alan Greenspan, l’ancien président de la Réserve fédérale américaine (Fed), jugeant que la tourmente était encore loin d’être terminée.

“On doit reconnaître qu’il s’agit d’un événement qui se produit une fois tous les cinquante ans, probablement une fois par siècle”, a-t-il dit dans interview à la chaîne de télévision ABC.

“Il n’y a aucun doute, je n’ai rien vu de pareil et ce n’est pas encore fini et cela prendra encore du temps”, a ajouté M. Greenspan, patron mythique de la Banque centrale américaine pendant 19 ans (jusqu’en 2006), estimant à plus de 50% le risque de récession aux Etats-Unis.

M. Greenspan a prédit que la gravité exceptionnelle de la crise financière allait entraîner la chute de plusieurs institutions financières majeures, alors même que Washington cherchait ce dimanche à sauver de la faillite la banque d’affaires Lehman Brothers. Et, “bien entendu, nous ne devrions pas chercher à protéger toutes les grandes institutions financières”, a-t-il relevé.

La défaillance d’une grande banque “en soi n’est pas un problème”, a-t-il relevé. “Tout dépend comment cela est géré et comment la liquidation est menée”.

Il a estimé que le gouvernement fédéral “ne pouvait pas mettre un filet de sécurité sous toutes les firmes financières faisant faillite” notant que les efforts en cours des autorités concernant Lehman Brothers consistaient à trouver une solution sans recourir à des fonds publics.

M. Greenspan a également expliqué l’interventionnisme très inhabituel des pouvoirs publics aux Etats-Unis, où le laisser-faire économique est la norme, par la mondialisation accélérée des dix dernières années qui accroît les risques de contagion.

“Nous n’avons jamais connu un degré aussi élevé d’interconnexion à l’échelle mondiale”, a expliqué l’ancien patron de la Fed.

M. Greenspan a noté des facteurs positifs qui minimisent partiellement l’impact de la crise financière sur l’activité économique. Il a cité le fort repli des prix du pétrole et des produits des denrées alimentaires permettant de faire reculer l’inflation, tout au moins à court terme.

“Je serais très heureux si ces facteurs pouvaient suffire à stabiliser cette crise mais je ne parierais pas mon argent sur cela”, a poursuivi Alan Greenspan.

La réputation de M. Greenspan est un peu ternie alors que certains l’accusent d’avoir contribué à la bulle spéculative immobilière à l’origine de la crise actuelle en maintenant les taux d’intérêt de la Fed à des niveaux trop bas pendant trop longtemps.

 14/09/2008 22:06:14 – Â© 2008 AFP