Investissement : les «TRE» de plus en plus attirés par l’agriculture


Par Moncef MAHROUG

A Paris, un kilo d’olives de table se vend à 42 dinars, contre le dixième en
Tunisie. Un artichaut y coûte 1 euro. Cent lapins génèrent un revenu de 100
dinars. Pendant la journée d’information sur l’investissement dans
l’agriculture, organisée jeudi 21 août 2008 à l’intention des «Tunisiens
Résidents à l’Etranger» (TRE) par l’Agence de Promotion de l’Investissement
Agricole (APIA), son directeur général, M. Mohamed Chokri Ayachi, ne s’est
pas contenté de déverser, à l’adresse de son audience, un flot
d’informations sur les procédures à suivre pour investir dans l’agriculture
et toutes les incitations et facilités accordées à cet effet. Le patron de
l’APIA a en fait été pédagogue à l’extrême, dans l’espoir de convaincre le
plus grand nombre possible de «TRE» à investir dans ce secteur. Pour cela,
il a multiplié les exemples d’investissements réussis et d’opportunités
juteuses qui s’offrent dans le secteur. Et à en croire les réactions de la
salle, il y est très largement parvenu. D’ailleurs, ces réactions sont
conformes à l’évolution que connaissent les investissements dans
l’agriculture des «Tunisiens Résidents à l’Etranger».

 

De seulement 400.000 dinars en 1985, lorsque nos compatriotes à l’étranger
ont commencé à s’intéresser à l’agriculture, l’investissement dans ce
secteur est passé à 2 millions de dinars en 2002. Cinq ans plus tard, il a
fait un bond spectaculaire à 7 millions de dinars, et devrait s’établir à 10
millions de dinars en 2008, indique le patron de l’APIA.

 

Néanmoins, cet effort est inégalement réparti entre les différentes régions
du pays. Et paradoxalement ce ne sont pas les régions les mieux armées pour
développer une activité agricole qui investissent le plus dans ce domaine.

 

En effet, la part des gouvernorats du Nord dans les investissements
agricoles des «TRE» ne dépasse pas les 18%, soit «51 projets au cours des
quatre dernières années, pour un investissement de 3,5 millions de dinars»,
regrette M. Mohamed Chokri Ayachi. Les «TRE» des gouvernorats du Centre et
du Sud ont quant à eux investi plus de quatre fois plus –soit 15,6 millions
de dinars- pour réaliser 203 projets. Et cet élan ne devrait pas s’arrêter,
du moins si l’on se réfère à l’intérêt qu’a suscité un appel d’offres de
l’Office des Terres Domaniales (OTD) –qui a entraîné 38 candidatures- en vue
de mettre en location 31 fermes.

 

Dans un secteur fortement encouragé par les pouvoirs publics, ce ne sont pas
les opportunités d’investissement ni les secteurs porteurs qui manquent.
L’aviculture est-elle de ceux-là ? A une question d’un Tunisien résident à
l’étranger, le directeur général de l’APIA s’est voulu un tant soit peu
dissuasif. En raison de la pollution provoquée par les poulaillers,
«certaines régions ont été déclarées zones rouges», et il y devient de ce
fait difficile, voire impossible d’avoir l’autorisation d’y entreprendre
dans l’aviculture. Mais pour un secteur plus ou moins problématique, il y a
une multitude d’autres où il est facile de créer son entreprise et d’y
réussir, parmi lesquels l’olive de table, la tomate séchée, le poisson bleu,
etc.

 

Mais pour le patron de l’APIA, agriculture ne rime pas avec production. «La
prestation de services liés à l’agriculture» représente également de larges
opportunités. M. Mohamed Chokri Ayachi suggère, par exemple, la création
d’une petite compagnie aérienne en vue d’assurer le transport des produits
agricoles exportés. Un projet d’après lui d’autant plus promoteur que
Tunisair ne dédie qu’une partie minime de ses moyens pour cette activité.

 

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