Entreprise : les «cinq glorieuses» du groupe Loukil


Par Moncef MAHROUG

Mohamed Loukil est certainement un homme
heureux. Ayant choisi d’entamer le processus de passage du témoin, de son
vivant, à ses enfants, Bassam et Walid, il a cette chance que peu d’hommes
d’affaires se sont donné avant lui de voir ce que son «bébé» -en
l’occurrence le groupe qu’il a créé il y a quarante-deux ans, va devenir. Et
ce qu’il est en train de voir doit probablement le combler d’aise, car le
groupe Loukil a pris une autre envergure, notamment au cours des cinq
dernières années.

 

Dernier acte en date, la récente reprise
d’«Industrial and Petroleum Engineering Contracting», une société opérant
dans les services pétroliers.

 

Durant les vingt premières années, le
groupe a cru régulièrement mais un tant soit peu lentement. Ainsi, il a
fallu dix ans exactement au fondateur pour voir sa première création, les
Etablissements Mohamed Loukil & Cie (vente des équipements et matériels
agricoles et agroalimentaire) s’imposer, se développer et donner naissance à
trois autres entreprises, en l’occurrence Sodex (commerce international),
Inter Parts (commercialisation des équipements agricoles et des pièces de
rechange en gros) et Huard Tunisie Commerciale (distribution des équipements
agricoles et de travaux publics), créées respectivement en 1986, pour la
première, et en 1987. Trois entreprises qui viennent renforcer le groupe
dans son métier premier : le commerce des équipements et outils.

 

Le cycle suivant se déclenche cinq ans
plus tard. Placé sous le signe de la consolidation-diversification, il voit
le groupe renforcer sa branche principale avec la création d’Inter
Equipement (1992, commercialise les équipements industriels, de travaux
publics & pièces de rechanges) et Baltic Mediterranean Trading (1992,
société off-shore de commerce international) et se positionner dans le
secteur de l’informatique (Mediterranean Information Systems). Encore une
fois, le groupe mettra cinq ans à bien enraciner ses nouvelles entités.

 

Une fois cet objectif atteint, le voilà
engagé de nouveau à partir de 1998 dans une nouvelle phase, au cours de
laquelle, il enfante trois nouvelles sociétés : Immobilière de Carthage, et
CODAR, en 1998, et Netphone (téléphonie mobile) deux ans plus tard. Mais
c’est à partir de 2004 que le groupe passe à une autre vitesse, tant en
Tunisie qu’à l’étranger, puisque durant ces «cinq glorieuses» il s’est
notamment lancé à la conquête du Maghreb et du Soudan.

 

Le développement à l’étranger commence en
2004, avec l’inauguration de LoukilCom Algérie, et se poursuit l’année
d’après avec le lancement de trois entreprises au Soudan : (Loukil for
Agriculture, Loukil for Telecommunication et Loukil Global Services).

 

A partir de 2006, le groupe se concentre
de nouveau sur le marché tunisien, d’abord pour renforcer sa branche
téléphonie mobile, avec la création de LoukilCom Tunisie, doter le groupe en
2007 d’une sorte de holding (Loukil Management Conseil), et ensuite, y mener
trois grosses opérations de rachat en trois ans : Aurès Citroën, SACEM (en
partenariat avec le groupe koweitien KIPKO) et AMS. Si les deux dernières
acquisitions sont encore trop récentes pour juger de leurs résultats, Aurès
Citroën n’a plus rien à voir avec l’entreprise décadente qu’elle était avant
sa reprise. Ce qui a permis au groupe de devenir l’un des plus importants
concessionnaires du marché, alors qu’il n’y était auparavant que faiblement
présent avec la carte «Mazda». L’appétit venant en mangeant, M. Mohamed
Loukil et ses enfants ne vont probablement pas s’arrêter là.