Formation : Les nouveaux visages de l’apprentissage en Tunisie


Par Imededdine BOULAABA

En étroite collaboration avec la Banque
mondiale et les membres de la Délégation de la Commission européenne en
Tunisie, les pouvoirs publics ont entamé, depuis une dizaine d’années, la
restructuration du secteur de la formation professionnelle dans le pays, le
lancement de trois types de diplômes (le certificat d’aptitude
professionnelle, le certificat professionnel de technicien et le certificat
de technicien supérieur) et l’amélioration constante des méthodologies de
formation pour mieux faciliter les articulations avec le tissu productif
national, renforcer la qualification des ressources humaines et contribuer
ainsi à la compétitivité des entreprises tunisiennes, appelées, dans le
cadre de la création de la zone de libre-échange avec l’Union européenne, à
coller aux impératifs de la qualité, exigés de l’autre côté de la
méditerranée.


 


Réalisations de MANFORM I


 

Le
programme MANFORM I, s’étalant de 1997 à 2006 et soutenu, dans le cadre du
partenariat Union européenne-Tunisie, à hauteur de 45 millions d’euros, a
permis à l’Agence tunisienne de la formation professionnelle de renouveler
le matériel didactique et pédagogique de neuf centres de formation, de
monter des cycles d’apprentissage au profit d’entreprises, de bureaux
d’études, de spécialistes de l’ingénierie de formation pour l’identification
des besoins en ressources humaines et de concevoir un Référentiel National
Qualité de la formation professionnelle, censé mesurer le degré d’atteinte
des objectifs du programme MANFORM I, installer un climat d’émulation entre
les différents centres pour l’obtention de la certification sur la base de
la norme internationale ISO 9001 version 2000.

 

Afin de revitaliser un partenariat stratégique avec les organisations
professionnelles (U.T.I.C.A, U.T.A.P, U.G.T.T), le ministère de l’Education
et de la Formation a appelé les représentants du tissu industriel à exprimer
leur besoin en compétences et à participer activement à l’élaboration des
contenus des projets en gestation, ce qui a permis une préparation adéquate
des jeunes aux nouvelles formes d’emploi et à certains métiers
avant-gardistes, innovants et porteurs d’avenir, reflets indéniables des
mutations économiques en cours dans le circuit international des échanges.

 

«Sur le plan quantitatif, le programme MANFORM I a, dès le départ, ciblé une
capacité de formation flexible, réhabilité le secteur privé en favorisant
son adhésion au processus d’homologation des diplômes et développé 
l’attractivité de l’ensemble des sites d’accueil qui ont réussi, tout au
long d’une décennie (1997-2006) et dans le cadre d’un partenariat orienté
vers les PME, des actions d’encadrement touchant 172.000 apprenants
provenant de 4.500 entreprises», nous dit M. Azzedine Boudiri, Directeur
d’Administration Centrale au sein du ministère de l’Education et de la
Formation, qui a mis l’accent sur le rôle logistique des établissements de
l’enseignement supérieur dans l’organisation des cours du soir dans les
filières BTS (le nombre d’inscrits a atteint 2.550 en 2006), l’évolution
constante du nombre des diplômés (plus de 34.000 actuellement) et la volonté
des pouvoirs publics d’instituer, dans un proche avenir,  un baccalauréat
professionnel permettant l’intégration des jeunes issus des centres de l’ATFP,
dans le circuit universitaire.

 


Vers une accélération des réformes 

 

Pour renforcer les réformes successives depuis la loi d’orientation sur la
formation professionnelle en 1993, l’autorité de tutelle doit, d’après les
dernières recommandations de la Banque mondiale, généraliser la formule de
la formation par alternance en partenariat structuré avec le monde de
l’entreprise, pallier à l’absence de passerelles permettant une véritable
interactivité entre les filières de l’ATFP et celles de l’enseignement
supérieur et réagir instantanément aux retards dans la mise en œuvre  des
mécanismes de décentralisation en matière de pilotage et de gestion du
dispositif de formation.

 

«Les jeunes diplômés, issus des centres de l’Agence tunisienne de la
formation professionnelle, sont désavantagés pour ce qui est de décrocher un
emploi stable, de toucher un salaire de départ décent et d’obtenir un bon
taux de croissance salariale», affirme Madame Adriana Jaramillo, spécialiste
principale en éducation et experte au sein de la Banque mondiale, qui a
insisté, dans son rapport, sur la sur-représentativité des milieux
déshérités chez les candidats à l’inscription pour l’apprentissage à la
carte, l’aspect globalement positif, à l’extérieur de la région du Grand
Tunis, d’un retour sur l’investissement en matière d’employabilité et
l’importance de la seconde vague des réformes (MANFORM II 2007-2011, financé
à hauteur de 30 millions d’euros par l’U.E) pour repositionner davantage le
secteur de la formation professionnelle au cœur de la stratégie
gouvernementale pour la promotion de la compétitivité entre les entreprises,
la transformation productive du pays et l’ancrage, chez les jeunes
apprenants, d’une vision positive et ascensionnelle de l’avenir.