Pour les “traders” de New York, le golf c’est fini (pour l’instant)

 
 
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à Wall Street le 17 juillet 2008 (Photo : Chris Hondros)

[24/07/2008 09:21:50] NEW YORK (AFP) “Ca fait mal ! J’ai dû résilier mon abonnement de golf et vendre ma maison (de la cité balnéaire) des Hamptons”, se plaint Michael Krofcheck, “trader” dans une grosse banque à New York, en commentant la vague d’austérité qui s’est emparée de Wall Street.

Michael, la trentaine, est victime de l’effort d’économies auquel est contraint le secteur financier américain, un an après l’éclatement de la crise du “subprime” qui a poussé dans le rouge nombre de firmes prestigieuses.

Recruté à 24 ans à sa sortie de l’université Harvard, le jeune homme travaille au département Crédit: “nous avons beaucoup perdu”, dit-il, laconique. Au point d’envisager de troquer son appartement pour un plus petit.

Comme la plupart des “Golden Boys” de la finance, il a vu salaire et bonus fondre au fur et à mesure que Wall Street s’enfonçait dans la crise.

D’après le magazine spécialisé Traders, un courtier qui gagnait 500.000 dollars par an en 2006, ne touchait plus qu’entre 300.000 et 400.000 dollars en 2008. Ce qui reste confortable en comparaison au revenu médian des ménages aux Etats-Unis qui ne dépassait pas 48.201 dollars en 2006.

Au total, les banques ont perdu à ce jour plus de 300 milliards de dollars. Après les avoir renflouées à coup de milliards, les investisseurs rechignent désormais à remettre au pot et les banques doivent compter sur leurs propres forces pour assurer leur survie. D’où la nécessité de faires des économies.

James Poisso, qui travaille pour un autre fleuron de Wall Street, raconte que son employeur est allé jusqu’à réduire le sucre, les sachets de thé et les fruits qui sont, par tradition, mis à la disposition des personnels.

Pour John Challenger, du cabinet en relations sociales Challenger, Gray & Christmas, les traders “doivent désormais travailler plus pour gagner moins. Ils n’ont pas le choix, car le principal est d’avoir un travail”.

“On demande désormais aux traders de s’occuper de plusieurs produits en même temps pour une rémunération qui a fondu”, renchérit Michael Sciotto, directeur de la rédaction de Traders Magazine.

Chez l’américaine Morgan Stanley et la suisse UBS sont ainsi apparus depuis quelques mois des traders “multicartes”.

Cette nouvelle polyvalence permet de réduire les effectifs de ces salariés privilégiés et coûteux. Depuis le début de l’année, 20% des traders ont perdu ou quitté leur emploi à New York, selon MM. Challenger et Sciotto.

“Nous sommes inquiets”, explique un expatrié français, qui travaille pour une grosse banque française et a placé ses économies en actions de son groupe. Déjà ébranlé par la chute générale des cours et la fonte de son patrimoine, il craint désormais que sa banque ne recentre ses opérations en France.

Aller voir si l’herbe est verte ailleurs ? Difficile à envisager tant les compétences des traders sont peu transférables dans d’autres secteurs de l’économie, relève John Challenger.

“Dans ce métier, la roue tourne. Je projetais de chercher du côté des matières premières, mais j’y ai renoncé car le marché peut à son tour exploser en plein vol”, dit Michael. “Il vaut mieux laisser du temps au temps, laisser les banques purger la situation”, philosophe James.

 24/07/2008 09:21:50 – Â© 2008 AFP