La médiamétrie n’existe que sur le web


Par Mohamed Fateh

Une fois de plus, l’audience des médias est revenue sur le tapis. Un sujet
qui soulève systématiquement des polémiques dans notre pays, pour cause
d’informations incomplètes, voire d’opacité totale. Nous avons pourtant deux
agences spécialisées qui délivrent des «mesures d’audience», sans pour
autant satisfaire tout le monde, nous dit-on.

 

En ce qui concerne la télévision, nos annonceurs ne sont pas confrontés à un
choix cornélien, avec juste deux chaînes qui se disputent les
téléspectateurs, trois, si on compte Tunis 21. Pas de quoi rentabiliser le
matériel exigé pour évaluer l’audimat de manière plus précise. Si le match
Tunis 7 et Hannibal reste suivi de près, il n’y a pas de quoi donner
vraiment des insomnies à nos annonceurs, avec un choix aussi restreint.

C’est peut-être notre presse écrite qui est dans le collimateur de ceux qui
disent vouloir fournir des «informations plus fiables». Sauf qu’en
l’occurrence, il s’agit ici d’un cas particulier, proprement tunisien. Et
d’ici à ce que les uns et les autres acceptent de fournir les vrais tirages,
et les chiffres de leur diffusion… Au final, on doute fort qu’un nouvel
intervenant fasse réellement évoluer, à lui tout seul, les «pratiques» en la
matière dans notre pays. La transparence à ce niveau impliquerait le
bouleversement de «vieilles habitudes» trop bien installées.

Reste le web. Et si le Net tunisien ne génère pas (encore) autant de revenus
que la télé, il n’en affiche pas moins plus de transparence. Le concept du
tiers certificateur a fini par s’imposer, même en Tunisie. Et dans ce cas,
difficile de gonfler le nombre de visiteurs. Les outils de XITI, par
exemple, permettent de fournir à l’annonceur potentiel des chiffres précis
sur la fréquentation du site. Mieux : Google lui-même s’est mis de la
partie.

Vous avez dit médiamétrie ? Sur Google Trends for WebSites, vous pouvez
étudier l’évolution du nombre de visiteurs d’un site (même tunisien) qui
vous intéresse, sans même vous adresser directement à son responsable. Plus
transparent tu meurs ! Les plus méticuleux des annonceurs, pour être sûrs de
bien investir leur budget publicitaire, pourront même comparer un portail à
ses concurrents. Le tout gratuitement.

Les agences de media planning à deux sous, et autres grands communicateurs
autoproclamés se font tout simplement court-circuiter par le géant des
moteurs de recherche. Il promet même de piétiner allégrement leurs
plates-bandes. Et même des agences internationales aussi (re)connues que
ComScore, Nielsen Online (NetRatings.com) tremblent déjà. A cause du Google
Ad Planner. C’est un nouvel outil, à la disposition des annonceurs. Il leur
présentera le nombre de visiteurs uniques d’un site web en fonction du
temps, leur ville, leur sexe, leur niveau d’étude… Et puisqu’il s’agit d’un
moteur de recherche, les résultats afficheront aussi les mots-clés liés à ce
site. Si ce service n’est pour l’instant disponible qu’aux Etats-Unis, sa
généralisation au niveau international constituera à coup sûr une petite
révolution dans le monde des médias en ligne.

Quid alors de la médiamétrie en Tunisie ? Elle existe déjà, mais uniquement
sur le web. Et selon toute vraisemblance, ce n’est pas demain qu’elle sera
généralisée.