Le fabricant des Vélibs de Paris caché dans la campagne hongroise

 
 
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élib à Paris, le 14 novembre 2007 (Photo : Jean Ayissi)

[18/06/2008 09:01:24] TOSZEG (Hongrie) (AFP) Tout près de Toszeg, un petit village paisible du centre de la Hongrie, un million de vélos quittent chaque année les chaînes de montage d’une usine locale ultramoderne pour être exportés vers les pays du monde entier, en particulier en France.

Cette usine de 18.000 m2 produit, entre autres, les deux-roues de conception Lapierre utilisés pour la location en libre-service Vélib de la capitale française en service depuis l’an dernier.

Ces bicyclettes peuvent, moyennant un abonnement d’un jour (1 euro), une semaine (5 EUR) ou un an (29 EUR) être empruntées dans l’une des 1.200 stations installées à Paris et déposées dans une autre au gré des trajets de chaque cycliste.

Mais les Vélibs “ne constituent vraiment qu’une petite fraction de notre production”, explique à l’AFP Zsolt Steurer, directeur hongrois de la société Accell Hunland, filiale à 100% du groupe multinational Accell.

Sur le million de deux roues produits annuellement, seuls 11.600 vélibs y ont été assemblés jusqu’à l’an dernier.

Même avec une hausse de la demande de Vélibs à 20.600 unités par an, décidée par le gérant des Vélibs, le géant publicitaire français Jean-Claude Decaux, ce client reste l’un des plus petits de Zsolt Steurer qui dirige l’usine depuis deux ans.

L’usine d’assemblage de Toszeg (120 km au sud-est de Budapest) a été ouverte en 2001 dans cette commune de 3.000 habitants, préférée à la plus grande ville de Szolnok dans la région pour “ses conditions très favorables”, selon M. Steurer.

“Nous avons les meilleures relations possibles avec le village depuis le début et nous sommes son unique source de revenus fiscaux”, assure-t-il.

Pour le concepteur français du Vélib, Gilles Lapierre, interrogé par l’AFP, le choix du site hongrois “n’est en aucun cas lié à des questions de coûts de main d’oeuvre mais uniquement à des disponibilités de capacité de production”.

“Il nous était impossible de faire en France autant de vélos dans les délais impartis”, explique-t-il.

Pour Toszeg, le bénéfice n’est pas négligeable: l’usine a multiplié par huit son volume de production en sept ans et a réalisé un chiffre d’affaires de 40 millions d’euros l’année dernière.

Elle emploie entre 100 et 400 villageois, selon les saisons, sur six grandes chaînes d’assemblage de vélos de catégorie moyenne et supérieure de 19 marques, comme les allemandes Hercules et Winora ou la finlandaise Tunturi, et destinés surtout aux marchés allemand ou finlandais.

Toutefois, malgré un certain engouement naissant en Hongrie pour le cyclisme “utilitaire”, qui consiste à troquer la voiture contre un vélo comme moyen de déplacement, les habitants de Toszeg boudent les produits Accell.

“Les Hongrois préfèrent les vélos vendus 80 euros dans les grandes surfaces, bien moins chers que nos modèles de bases”, explique M. Steurer.

L’usine assemble surtout des vélos de ville et certains VTT à partir de pièces venues de Chine, Taiwan ou du Vietnam.

Le Vélib, pesant 18 kilos et doté de “puces électroniques et d’un très ingénieux système de connectique”, selon son concepteur Lapierre, reste le produit le plus célèbre de Toszeg.

“Ce sont des bicyclettes spéciales à tous points de vues”, raconte Rémi Gribaudo, directeur de production des Lapierre en Hongrie et ex-champion de mountain bike.

“Elles peuvent être comparées à des meubles mobiles et modernes, robustes avec un cadre en acier, stables et sûrs”, explique-t-il ajoutant qu’elles “doivent résister aux routes en mauvais état, à la météo capricieuse et même au vandalisme”.

 18/06/2008 09:01:24 – Â© 2008 AFP