Sommet UE/Amérique latine : polémique sur les biocombustibles en période de crise alimentaire

 
 
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Le président du Pérou Alan Garcia, le 15 mai 2008 à Lima

[16/05/2008 19:59:56] LIMA (AFP) Les dirigeants d’Amérique latine et de l’Union européenne réunis pour un sommet intercontinental à Lima ont entammé vendredi un débat difficile consacré au réchauffement climatique et plus polémique sur l’utilisation des biocombustibles.

Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, dont le pays est le deuxième producteur de biocombustibles après les Etat-Unis, défend leur utilisation, y compris dans le contexte de la crise alimentaire mondial.

“On veut décontaminer la planète, combattre le réchauffement global, signer le protocole de Kyoto et quand le Brésil offre un combustible qui n’émet pas de CO2, on préfère en utiliser un, qui en produit, c’est une contradiction”, a déclaré le président Lula à Lima.

Le rapporteur spécial des Nations unies, Jean Ziegler, avait qualifié la production de biocombustibles de “crime contre l’humanité”.

Les chefs d’Etat et de gouvernement devaient adopter vendredi soir une “Déclaration de Lima” prévoyant des recommandations en matière climatique, ainsi que des propositions pour tenter de résoudre le trafic de drogue et la crise alimentaire.

A l’ouverture du sommet le président Alan Garcia a réclamé des “mesures concrètes” pour résoudre cette crise et mieux défendre l’environnement, mais leur adoption se heurte aux profondes divisions des pays latino-américains, entre tenants du libéralisme et le camp de la gauche radicale, regroupé autour du président vénézuélien Hugo Chavez.

Ce sommet intervient aussi en pleine polémique autour du président vénézuélien et de ses liens présumés avec la guérilla colombienne des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc).

Le président colombien Alvaro Uribe a de nouveau, lancé un appel, vendredi matin aux Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) pour qu’elles libèrent ce vendredi avant la fin du sommet de Lima, l’otage franco-colombienne, Ingrid Betancourt, détenue depuis six ans par le guérilla.

M. Uribe avait lancé un premièr appel aux Farc, jeudi à Bogota pour la libération de l’otage franco-colombienne et de toutes les autres personnes séquestrées par la guérilla marxiste.

Un rapport d’Interpol a confirmé jeudi “l’authenticité” de documents informatiques trouvés dans les ordinateurs d’un chef de la guérilla tué.

Selon Bogota, ces documents prouveraient l’existence de liens entre l’homme fort de Caracas et la guérilla marxiste, considérée comme une organisation terroriste par l’Union européenne et les Etats-Unis.

Très critiqué par le président colombien Alvaro Uribe, M. Chavez s’en est aussi pris ces derniers jours à la chancelière allemande, Angela Merkel, la seule dirigeante européenne importante avec le chef du gouvernement espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero, à participer au sommet de Lima.

Le président français, Nicolas Sarkozy, s’est fait remplacer par son Premier ministre, François Fillon, tandis que les chefs de gouvernement italien Silvio Berlusconi et britannique Gordon Brown se sont faits excuser.

M. Fillon devait rencontrer vendredi les dirigeants du Venezuela, d’Equateur et de Colombie pour évoquer le sort d’Ingrid Betancourt.

A la fin du sommet officiel, vendredi soir, plusieurs présidents de gauche dont Hugo Chavez et le Bolivien Evo Morales abandonneront leur complet-cravate pour prendre la parole devant les militants de gauche et les écologistes du “Sommet des peuples”, un rassemblement altermondialiste.

La sécurité est maximale pour un sommet protégé par des missiles anti-aériens, des avions de combat et des experts en guerre bactériologique et nucléaire. Quelque 35.000 policiers ont été déployés dans la capitale péruvienne.

 16/05/2008 19:59:56 – © 2008 AFP