Les ponts de mai indolores pour l’économie, mais compliqués pour les entreprises

 
 
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Un bouquet de muguet (Photo : Mychele Daniau)

[02/05/2008 12:10:06] PARIS (AFP) Les ponts du mois de mai ne devraient pas peser sur la croissance française, mais ils obligent les entreprises à s’organiser pour faire face au ralentissement de l’activité.

Le 1er mai et le 8 mai tombant un jeudi et la Pentecôte un lundi, de nombreux salariés travailleront au ralenti en ce début du mois, avec un impact sur la productivité de leur entreprise.

“Dès qu’il y a un jour férié, on observe un creux d’activité mais c’est le cas tous les ans”, relativise Fabrice Lenglard, chef du département des comptes nationaux à l’Insee.

Sur 2008, l’effet des ponts devrait même être légèrement positif, selon l’économiste, l’année comptant 253 jours ouvrés, soit un de plus qu’en 2007. “L’impact des jours ouvrés devrait se traduire par un +boost+ de croissance de 0,1 point”, calcule-t-il.

Pour Nicolas Bouzou, économiste chez Asterès, “la vraie difficulté est plutôt de savoir dans quelle mesure la productivité des gens qui travaillent ces jours là n’est pas plus faible que d’habitude”.

“En général, ils arrivent plus tard, prennent une longue pause déjeuner, et finissent plus tôt, ce qui conduit à une toute petite perte de croissance mais qui ne se verra pas dans les chiffres définitifs”, poursuit-il.

“Si vous posez un congé un vendredi, vous ne le prendrez pas à un autre moment”, renchérit Eric Heyer, de l’OFCE, pour qui les ponts “n’affectent pas le revenu des ménages, ni la consommation, et à peine la production”.

Côté entreprises, les ponts à répétition, s’ils n’entament pas vraiment le niveau de leur activité sur l’année, obligent les patrons à s’organiser.

“Sur 400 salariés, seuls 40 travaillent les 2 et 9 mai afin d’assurer une permanence”, explique Marc Lestrohan, directeur administratif de l’entreprise d’électronique et d’électricité Lauden, basée à Lanester (Morbihan).

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A l’usine Renault de Sandouville (Seine-Maritime) en août 2007 (Photo : Robert Francois)

Mais il n’y aura aucune activité industrielle durant ces deux jours, “car les charges fixes liées au fonctionnement des machines auraient été trop élevées, seuls 20% des salariés prévoyant de travailler”, poursuit-il.

Avantage cette année: “les jours fériés sont très groupés”. “Comme les trois dernières semaines sont pleines, mai devrait être comparable aux autres mois de l’année en terme d’activité”, ajoute M. Lestrohan.

Chez PSA Peugeot-Citroën, “environ la moitié des usines font le pont, en fonction de la demande et du succès des modèles”. “Les ponts n’ont pas un réel impact, puisque le travail est organisé en fonction”, explique-t-on au siège du groupe automobile.

Pour l’entreprise de transport frigorifique STAF, qui emploie 350 personnes en Ile-de-France, les ponts, à l’inverse, “désorganisent” totalement le travail. “Il y a moins de personnel, et surtout les volumes augmentent d’un seul coup”, indique son PDG, Kara Mendjel.

“Comme on n’a pas pu travailler le 1er mai, il a fallu répondre par une hausse de l’activité d’environ 40% dans la nuit de jeudi à vendredi”, explique-t-il.

Sandra Le Grand, PDG de Canalce (100 salariés, services aux comités d’entreprises), fait de son côté en sorte “qu’environ la moitié de son personnel prenne le premier pont, la seconde moitié le deuxième”.

“En fonction des jours fériés, je +manage+ mes forces de vente”, explique-t-elle. “Je donne des objectifs de vente avant les vacances scolaires, et avant les longs week-ends de mai. Ou bien je dis à mes employés: +faites les ponts, mais quand vous revenez, soyez à fond !+”

 02/05/2008 12:10:06 – © 2008 AFP