L’Opep, inflexible face à la flambée pétrolière, ne veut pas pomper plus

 
 
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Le ministre algérien de l’Energie et des mines et président de l’Opep, Chakib Khelil, le 17 février 2008 à Alger (Photo : Fayez Nureldine)

[20/04/2008 18:44:48] ROME (AFP) L’Opep continue à rejeter toute responsabilité dans la flambée des cours du pétrole et n’entend pas pomper plus de brut pour apaiser un marché qu’il considère suffisamment approvisionné, d’autant que les pays consommateurs se font moins pressants.

L’Organisation des pays exportateurs du pétrole (Opep) “n’a pas besoin d’augmenter sa production dans l’immédiat”, a affirmé dimanche le ministre algérien de l’Energie et président du cartel, Chakib Khelil, en visite officielle au Koweït aux côtés du président Abdelaziz Bouteflika et cité par l’agence locale KUNA.

“Il n’y a pas de déficit d’approvisionnement sur le marché”, a renchéri le même jour le ministre qatari de l’Energie Abdallah al-Attiyah, en marge du Forum international de l’Energie à Rome, des propos réitérés par son homologue koweïtien Mohammad al-Olaim.

Cette réunion rassemble durant trois jours des grandes compagnies du secteur ainsi que des ministres de pays consommateurs ou producteurs de pétrole, dont 8 des 13 membres de l’Opep: Arabie saoudite, Emirats arabes unis, Venezuela, Nigeria, Iran, Libye, Qatar et Koweït.

Les prix du brut ont quintuplé depuis 2002 et ils ont atteint vendredi le record de 117 dollars le baril, mais M. al-Attiyah a affirmé que les ministres de l’Opep présents à Rome n’allaient pas pour autant se réunir en marge de la conférence.

“Aujourd’hui, il n’y a aucune raison de s’agiter et de dire +nous allons mettre plus de pétrole sur le marché+ car les demandes des pays consommateurs sont probablement motivées par des raisons politiques plutôt que par un besoin fondamental”, a ajouté le ministre saoudien du Pétrole et chef de file de l’Opep, Ali al-Nouaïmi, interrogé par l’hebdomadaire Petroleum Argus.

“Toute hausse de la production serait sans incidence sur les prix car il y a un équilibre entre l’offre et la demande”, a poursuivi le président du cartel, qui produit environ 40% des besoins mondiaux en pétrole.

“Nous avons augmenté la production l’an dernier, et les prix ont continué leur hausse”, a-t-il fait valoir.

Au mois de septembre, l’Opep avait relevé ses quotas de production de 500.000 barils, mais le cours du baril, loin de marquer le pas, a pris environ 40 dollars depuis.

Provocateur, le président iranien Mahmoud Ahmadinejad, dont le pays fait partie des “faucons” de l’Opep, a même affirmé samedi que le baril de brut n’était pas encore assez cher.

L’Opep est d’autant moins encline à doper sa production que même l’Agence internationale de l’énergie, qui défend les intérêts énergétiques des pays consommateurs, vient de revoir en baisse pour le troisième mois consécutif ses prévisions de demande de pétrole mondiale pour 2008, à cause du ralentissement économique.

L’Agence, qui pressait depuis des mois l’Opep d’augmenter sa production, se contente à présent de l’enjoindre de la maintenir.

Plusieurs membres du cartel, inquiets d’une baisse des prix du brut si la demande mondiale faiblit trop, avaient en effet agité ces derniers mois la menace d’une baisse de production.

M. Khélil a par ailleurs attribué la responsabilité de l’envolée des prix au déclin du billet vert et à la crise économique américaine, qui incite les investisseurs à spéculer sur les matières premières au lieu d’investir en Bourse.

“Quand le dollar perd un pour cent, le prix du baril de pétrole augmente de quatre dollars”, a dit le ministre algérien.

M. al-Attiyah a, lui, nié le rôle des prix élevés du pétrole dans la crise alimentaire qui a provoqué des émeutes dans plusieurs pays: “Il ne faut pas mettre en cause le pétrole mais les biocarburants, qui sont à l’origine d’une grande partie du problème”, a-t-il jugé.

 20/04/2008 18:44:48 – © 2008 AFP