McDonald’s France juge que les “McJobs” si décriés appartiennent au passé

 
 
photo_1208083749717-1-1.jpg
Un restaurant McDonald’s (Photo : Pierre-Franck Colombier)

[13/04/2008 10:52:25] PARIS (AFP) Les “McJobs” ou emplois jetables, peu rémunérés et peu stimulants, appartiennent au passé, estime la direction française de McDonald’s, qui le fait savoir par une campagne de publicité, cependant que son image sociale écornée perdure en France, soulignent les syndicats.

A partir du 5 mai sera diffusée une campagne télévisée inédite pour la marque sur les thèmes de la formation, de la promotion interne et de la parité.

Les thèmes mis en avant “correspondent aux enjeux sociaux du pays”, estime Hubert Mongon, vice-président aux ressources humaines.

Et pourtant, McDonald’s est loin de faire figure de pionnier social.

Le terme générique “McJob”, d’abord lancé dans la presse américaine à la fin des années 80, a reçu sa consécration en entrant au dictionnaire Oxford en 2001 pour désigner un “travail mal payé, peu stimulant et offrant peu de perspective d’évolution, en particulier un emploi créé par le développement du secteur des services”.

“L’image qu’a l’opinion n’est pas celle des 47.000 salariés” français, affirme M. Mongon. “Nous sommes sortis depuis longtemps de la période +Far West+ du développement des restaurants en masse en France, piloté par une équipe anglo-saxonne qui ne faisait pas grand cas de la législation française et des syndicats”, dit-il.

“Depuis une dizaine d’années, avec une direction 100% française, les évolutions sont sensibles, nous devenons une entreprise comme les autres”, fait-il valoir. “Près de 80% de nos managers sont d’anciens équipiers (salariés de base), c’est là-dessus qu’est construit le système McDo”, ajoute-t-il.

De façon générale, la restauration est exigeante. Exiguïté, “coups de feu” aux heures de pointe, chaleur: “c’est le métier, où qu’il soit pratiqué”, souligne le DRH.

D’autres données contribuent à la “notoriété” sociale sulfureuse de McDonald’s: temps partiels – 80% des contrats -, horaires décalés, niveaux de rémunération proches du Smic, fort turnover…

Un turnover qui fait dire au syndicaliste CGT Tino Fortunat qu'”aucune grande évolution n’est possible car les salariés ne sont pas chez McDo pour longtemps”. “La précarité entretient la précarité”, ajoute-t-il.

Mais ce taux de rotation annuel de l’emploi “a été rabaissé à 80%, contre 100-110% en moyenne dans la restauration rapide” où la moitié des salariés sont étudiants, se félicite M. Mongon.

Il évalue à 15% des effectifs les temps partiels subis, qui correspondent aux jeunes sans qualification venant chercher une expérience tremplin. “Le gouvernement nous a consultés récemment sur nos bonnes pratiques en matière de temps partiels”, note-t-il.

Le salaire d’embauche au premier niveau atteint 1.281 euros brut mensuels pour un temps complet, mais “les primes peuvent représenter entre 0,5 et 1,5 mois de salaire par an en fonction des responsabilités”.

Evolutions jugées insuffisantes par les syndicats. “Les salariés pourraient profiter davantage des bons résultats de l’entreprise”, suggère Maxime Lambert (CFDT). Les ventes en France en 2007 ont progressé de 11,3%.

“Ca va mieux au plan social” dans les restaurants possédés par le groupe, admet-il, mais “reste à voir les restaurants franchisés”.

A Marseille, le souvenir de la grève dans une dizaine d’entre eux en février est vif: “parce que nous sommes sous la franchise la plus importante en France, nous avons pu nous organiser”, explique Fabrice Ribeiro (FO), qui parle de “dumping social” chez les petits franchisés.

80% des 1.100 restaurants français sont en location-gestion, dite “franchise”, et les 275 patrons qui les dirigent ont une politique sociale libre.

Depuis 2003, la direction de McDo a lancé la “RH attitude” pour partager les meilleures pratiques. “Nous sommes parvenus à une certaine homogénéisation grâce au travail de tous”, affirme M. Mongon.

 13/04/2008 10:52:25 – © 2008 AFP