Venezuela : Chavez veut nationaliser les cimenteries, l’industrie dans l’expectative

 
 
photo_1207323869119-1-1.jpg
Hugo Chavez, le 27 mars 2008 à Recife au Brésil (Photo : Evaristo Sa)

[04/04/2008 20:46:08] CARACAS (AFP) La prompte nationalisation de l’industrie du ciment au Venezuela, annoncée jeudi par le président Hugo Chavez, va affecter de grands groupes étrangers opérant dans ce pays dont les français Lafarge, suisse Holcim et mexicain Cemex qui affichent une prudente expectative.

“Nous allons nationaliser l’industrie du ciment (…) à partir de cet instant, en prenant toutes les mesures juridiques et économiques”, a déclaré Hugo Chavez jeudi dans une intervention radiotélévisée.

Hugo Chavez a expliqué qu’il s’agissait d’une décision “stratégique” et indiqué que les sociétés étrangères concernées seraient indemnisées.

Le groupe Lafarge, interrogé vendredi à Paris, n’a pas souhaité réagir dans l’immédiat mais a précisé que le groupe ne figurait qu’au troisième rang du secteur au Venezuela, derrière Cemex et Holcim. La capacité de production de Lafarge dans ce pays est de 1,6 million de tonnes de ciment.

“Nous prenons cela très au sérieux”, a déclaré pour sa part vendredi à l’AFP Peter Gysel, un porte-parole du groupe suisse Holcim.

“Nous restons calmes car ce n’est pas la première fois qu’il annonce que le secteur va être nationalisé. Nous devons attendre pour voir ce qui se passe”, a ajouté M. Gysel. Il a précisé que Holcim possédait deux usines au Venezuela d’une capacité d’environ 3 millions de tonnes de ciment par an, soit 1,5% du total mondial du groupe.

Les ventes de ces usines vénézuéliennes ont atteint 270 millions de francs suisses (170 millions d’euros) l’an dernier, soit moins de 1% du chiffre d’affaires net de Holcim.

A Berne, le gouvernement suisse n’était pas en mesure de réagir à ces informations.

Le Mexique a de son côté exigé des explications du Venezuela. “Le ministère des Affaires étrangères est entré en contact avec le gouvernement vénézuélien afin de connaître la nature des déclarations du président Hugo Chavez”, a-t-il souligné dans un communiqué.

En outre, le gouvernement mexicain “va convoquer l’ambassadeur du Venezuela au Mexique” afin qu’il détaille les intentions du président Chavez, car le Mexique entend protéger les “intérêts” de ses sociétés à l’étranger, a souligné le ministère.

Paris a déclaré vendredi attendre des “précisions”.

“Nous attendons d’avoir des précisions sur les déclarations et sur ce qu’a dit le gouvernement vénézuélien pour nous prononcer”, a déclaré à la presse la porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Pascale Andréani.

“Nous sommes comme partout dans le monde très attentifs à la protection des intérêts de nos entreprises”, a ajouté la porte-parole.

José Guerra, ex-directeur des analyses économiques de la Banque centrale du Venezuela, interrogé par l’AFP, a estimé que “tout indique que nous sommes face à une économie qui s’achemine vers une étatisation de façon graduelle mais soutenue”.

“Les prix élevés du pétrole permettent d’acheter des entreprises emblématiques, d’autant qu’il y a déjà contrôle des prix, des changes et des taux d’intérêt”, a indiqué l’analyste.

“On est en train de créer un Etat où le gouvernement est le principal entrepreneur, le grand patron. Cela s’est déjà produit puis a échoué avec le choc pétrolier des années 70; mais à l’époque le gouvernement de Carlos Andres Perez avait maintenu une structure mixte, aujourd’hui c’est surtout étatique”, a ajouté M. Guerra.

Selon un rapport du Conseil de l’Economie nationale, fondé sur les chiffres de l’Association vénézuélienne des producteurs de Ciment, la production en 2007 s’est élevée à 10,2 millions de tonnes métriques.

 04/04/2008 20:46:08 – © 2008 AFP