Les débiteurs d’internet

Les débiteurs d’internet

Par Oualid CHINE

L’internet à haut-débit est ainsi nommé, pour nous rappeler la dette que
nous devons à nos fournisseurs d’accès, qui peuvent se permettre tous les
excès. Nous resterons à jamais leurs débiteurs, leurs éternels obligés. Les
interruptions ? Elles ne sont destinées qu’à nous sensibiliser (encore plus)
à l’importance du net. Les pannes surviennent souvent un vendredi, comme
pour mieux s’inscrire dans nos us et coutumes, nos traditions séculaires,
pour ne pas dire notre folklore tunisien. Pour nous appeler à débrayer, et à
mieux savourer les jours où internet répond présent. Une connexion vous
manque, et tout le net est dépeuplé. Comment évaluer le juste prix de notre
raccordement au web, quand on est relié en permanence ? La panne est là,
pour nous rappeler la chance que l’on a, de disposer de l’internet à si bon
compte.

 

Sans le bon vouloir de notre FAI, nous ne sommes que peu de choses. Il nous
dicte sa loi, et sa justice tombe comme un couperet. Pour quelques jours de
retard de paiement, la ligne est coupée. Lui, par contre, est toujours dans
son bon droit. Même si la boîte e-mail ne répond plus, même si l’assistance
technique est aux abonnés absents. Même si le débit promis plafonne à la
moitié de celui énoncé dans le contrat. Nous devons, malgré tout, une
fidélité absolue à notre FAI. Ceux qui ont expérimenté les difficultés de
résiliation d’un abonnement s’y reconnaîtront. Changer d’opérateur ? Vous
n’y pensez pas. Et puis après, comment distinguer des offres
systématiquement calquées les unes sur les autres, pour ne pas dire clonées?

 

Il n’en est pourtant pas ainsi sous toutes les latitudes. Un fournisseur
d’accès internet bahreïni s’engage à rembourser 50% des frais d’abonnement
de ses clients pour interruption de la connexion. Et avec l’affaire du câble
qui continue de perturber le Proche et Moyen-Orient, ce n’est pas trois sous
que l’opérateur aura à débourser. Dieu merci, nous avons été épargnés. Ce
qui évitera certainement à nos opérateurs historiques de mettre la main au
portefeuille. Parce que chez nous, pas besoin de tirer sur des câbles pour
couper le réseau. On a beau nous servir des guépards, des formules 1, des
hérissons, question débit, c’est la tortue qui serait plus représentative.
Mais après tout, rien ne sert de courir, il faut partir à point.