[16/02/2008 09:33:33] PARIS (AFP) La Société Générale a voulu prouver cette semaine qu’elle était capable de rester autonome, mais les analystes estiment qu’elle ne pourra pas continuer à soutenir le rythme effréné de croissance qui lui a permis d’assurer son indépendance. Trois semaines après la révélation de pertes record, qui l’ont plongée dans une grave crise, la Société Générale a affiché ces derniers jours sa volonté d’aller de l’avant. Si elle a renoncé à concourir à la reprise de 19% du capital de la banque libyenne Al-Wahda, qui a finalement échu à une banque jordanienne, elle a annoncé avoir conclu un accord avec l’italienne Unicredit pour lui racheter certaines activités et avoir finalisé le rachat de la deuxième banque russe, Rosbank, pour 1,7 milliard de dollars. Elle assure que son augmentation de capital, dont la souscription sera ouverte mercredi, et qui va lui permettre de retrouver un niveau de fonds propres confortable, suscite un “intérêt très fort des institutionnels”. Certes, elle est certaine de recueillir les 5,5 milliards d’euros car deux banques américaines ont garanti l’opération. Mais un faible intérêt de la part des investisseurs ne manquerait pas d’être interprété comme un signe de défiance. Au chapitre des nouvelles réconfortantes, la liste des prédateurs potentiels a fondu comme neige au soleil: Santander, Deutsche Bank, Intesa Sanpaolo, Unicredit et Commerzbank ont successivement décliné tout intérêt.
Pour son PDG, Daniel Bouton, la Générale n’est pas une “cible”, et celui qui voudra la racheter devra de toute façon “payer le prix fort”, car elle a pris soin, après l’OPA manquée de la BNP en 1999, de verrouiller son capital. “Confiante dans son modèle”, la banque a dévoilé lundi un plan de développement à l’horizon 2010 qui a laissé plus d’un analyste sceptique. Il fixe des objectifs trop ambitieux à son pôle de banque de financement et d’investissement (BFI), son principal moteur de croissance devenu, à cause de la crise des “subprime” et de l’affaire du trader Jérôme Kerviel, son principal foyer de pertes. La BFI table ainsi sur des revenus de 9 milliards d’euros en 2010. Les analystes de Lehman Brothers doutent de la “capacité de SG d’être aussi profitable que par le passé”. Ils pronostiquent aussi que les nouvelles procédures de contrôle élaborées après l’affaire Kerviel vont la conduire à prendre moins de risques et donc à gagner moins d’argent. D’autre part, les excellents résultats de sa BFI ces dernières années sont dus en partie à l’activité de courtage pour son propre compte, que la banque a décidé de réduire au moins pendant une année. Les analystes notent par ailleurs que la Société Générale n’en a pas fini avec la crise des subprime: après 2,6 milliards en 2007, ils tablent sur 1,2 milliard de dépréciations supplémentaires en 2008. A court terme, cet affaiblissement la protège car elle est moins attractive, mais il hypothèque sa capacité à continuer à fonctionner de façon autonome. Pour Jean-Pierre Lambert, de la maison de courtage KBW, le scénario le plus plausible reste deux offres concurrentes de BNP Paribas et de Crédit Agricole, même si, dans le contexte de crise actuel, rares sont les banques qui peuvent se permettre d’offrir plus de 100 euros par action Société Générale, qui a clôturé vendredi à 76,22 euros à la Bourse de Paris. En outre, les prétendants pourraient être rebutés par le “manque de transparence” de la Société Générale sur son exposition à la crise des subprime, selon lui. Et les analystes de Lehman de conclure: “Ce n’est pas encore le moment d’y aller”. |
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