A l’heure des résultats des entreprises, les salariés réclament leur dû

 
 
CPS.HHL14.140208153721.photo00.quicklook.default-245x171.jpg
Des ouvriers travaillent sur la chaîne de montage d’une Citroën C6, le 28 avril 2006 à Rennes (Photo : Andre Durand)

[14/02/2008 14:40:42] PARIS (AFP) A l’heure des résultats financiers des entreprises pour 2007, et alors que la rémunération des grands patrons augmente, nombre de négociations salariales piétinent, malgré les fortes attentes des salariés en la matière.

Bénéfice net record de 7,8 milliards d’euros pour BNP Paribas, de 12,20 milliards d’euros pour Total, chiffres d’affaires en nette hausse chez Axa, Areva, Suez: les résultats de sociétés tombent au moment même où se tiennent nombre de négociations salariales annuelles.

Et une étude vient de révéler que près de trois grands patrons français sur quatre ont gagné 40% de plus en 2007. Un chiffre contesté par la présidente du Medef Laurence Parisot, qui n’en juge pas moins “archinormal que des dirigeants de très grandes entreprises soient très bien payés”, faute de quoi ils émigreraient, affirme-t-elle.

Mais pour les salariés, la distorsion avec les hausses qui leur sont accordées est énorme, de Renault à Alcatel en passant par Téléperformance.

Chez Sanofi-Aventis, le dividende par action devrait bondir de 18,3%, alors que la direction ne propose que 2,2% d’augmentation des salaires en 2008, a déploré la CGT.

PSA a annoncé un bénéfice net cinq fois supérieur en 2007 et le même syndicat a souligné le “contraste” avec la “modération salariale” et les suppressions d’emplois “imposés” aux salariés.

Dans plusieurs sociétés où les salaires ont été bloqués pendant les années difficiles, les employés se sentent floués. Chez Alstom, qui a fait l’objet d’un plan de sauvetage en 2004, la CFE-CGC revendique un “réajustement des salaires”.

Chez Forclum, les syndicats menacent d’une journée d’action le 25 mars faute de “négociations sérieuses”: le groupe de BTP Eiffage dont ils font partie a enregistré une progression à deux chiffres de toutes ses branches.

Des salariés de Snecma (groupe Safran) se sont rassemblés jeudi devant le siège du motoriste d’avions en Essonne, pour réclamer “une politique salariale ambitieuse” au moment où des efforts sont demandés à chacun pour honorer des carnets de commandes pleins jusqu’en 2010.

Chez L’Oréal, cinq syndicats appellent à des arrêts de travail le 18 février pour réclamer des augmentations au minimum du niveau de l’inflation.

La mobilisation a payé chez Air France où, après plusieurs grèves, les syndicats sont parvenus à un accord salarial pour 2008.

Dans la grande distribution, touchée aussi par une grève exceptionnelle le 1er février, trois syndicats ont fini par signer mercredi un accord de branche qui garantit une rémunération minimale au niveau du Smic, mais CFDT et CGT restent sur leur faim.

Après la journée de mobilisation du 24 janvier dans la fonction publique pour les salaires et l’emploi, les deux confédérations avaient appelé à des actions dans la première quinzaine de février pour “parvenir au déblocage des négociations salariales”. Cette demande n’a toutefois pas rencontré de succès de masse, les expressions se faisant essentiellement par entreprise.

Le pouvoir d’achat n’en est pas moins le premier souci des Français, selon les sondages. Les salaires ont crû en moyenne de 0,5% par an entre 2000 et 2005 pour les salariés à temps complet du privé, hors inflation, mais le revenu de l’ensemble des salariés, dont ceux à temps partiel, a baissé de 0,1% par an, selon l’Insee.

Frustration et mécontentement concourent sans doute à la baisse de la cote du président Sarkozy, qui avait fait du pouvoir d’achat un de ses thèmes de campagne, mais dont les premières mesures en faveur des heures supplémentaires et du rachat de RTT n’ont pas convaincu tous les salariés.

 14/02/2008 14:40:42 – © 2008 AFP