Le bras de fer gazier continue entre la Russie et l’Ukraine

 
 
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Le bâtiment de Gazprom à Moscou, le 1er juillet 2006 (Photo : Alexander Nemenov)

[11/02/2008 16:19:23] MOSCOU (AFP) La Russie et l’Ukraine ont poursuivi sans résultat leur bras de fer gazier lundi, mais le géant Gazprom a consenti à repousser de quelques heures son ultimatum alors que le président ukrainien Viktor Iouchtchenko est attendu mardi matin à Moscou.

“Le moment de la possible réduction des livraisons de gaz a été repoussé à 18 heures (15H00 GMT). Nous en avons convenu” avec la partie ukrainienne lors des négociations qui se sont tenues lundi au siège de Gazprom à Moscou, a déclaré à l’AFP le porte-parole du groupe russe, Sergueï Kouprianov.

Jusqu’ici Gazprom menaçait de mettre fin dès mardi à 10H00 du matin (07H00 GMT) à ses livraisons de gaz russe à l’Ukraine si Kiev ne réglait pas une dette estimée à 1,5 milliard de dollars.

Un porte-parole du groupe ukrainien Naftogaz, Valentine Zemlianski, a confirmé que les négociations allaient se poursuivre mardi, expliquant que les deux parties n’avaient “pas trouvé d’accord” et qu’une délégation de la compagnie restait à Moscou pour le moment.

M. Iouchtchenko doit rencontrer son homologue russe Vladimir Poutine à la mi-journée au Kremlin. Il n’est en revanche pas prévu pour le moment qu’il rencontre le PDG de Gazprom, Alexeï Miller, a indiqué Gazprom lundi.

Le gaz russe représente un quart du total livré actuellement par Gazprom à l’Ukraine. Le reste, en provenance d’Asie centrale -et vendu à un prix très inférieur à celui du gaz russe- n’est pas concerné par l’ultimatum, lancé jeudi dernier.

Le point le plus épineux du dossier n’est visiblement pas la dette elle-même mais la volonté affichée par une partie des dirigeants ukrainiens de renégocier les conditions dans lesquelles ce gaz est livré.

M. Iouchtchenko s’est pour l’instant tenu à l’écart du conflit avec Gazprom, et a même accusé son Premier ministre pro-occidental, Ioulia Timochenko, de nuire à l’Ukraine par son “verbiage politique” sur ce dossier sensible.

La visite s’opère néanmoins sur fond de vives tensions entre les deux pays, en particulier à propos de l’intention de Kiev d’adhérer à L’Otan.

Mme Timochenko, revenue au pouvoir fin 2007 et également attendue à Moscou le 21 février, s’est montrée plus offensive, indiquant qu’elle entendait faire payer la Russie davantage pour le transit de son gaz via l’Ukraine et supprimer l’intermédiaire RosUkrEnergo, qui assure la totalité des importations gazières à Kiev. Cette structure est contrôlée à 50% par Gazprom et à 50% par deux hommes d’affaires ukrainiens et a souvent été mise en cause pour son opacité.

Mais pour Gazprom il ne saurait être question de modifier les contrats tant que les dettes n’auront pas été épongées, a insisté le porte-parole du géant russe. En outre, un éventuel nouveau schéma ne “doit pas nuire à Gazprom”, a-t-il insisté, rappelant les liens entre RosUkrEnergo et Gazprom.

La Russie et l’Ukraine n’en sont pas à leur première crise gazière: la plus aigüe les a opposées en janvier 2006 et avait provoqué une brève interruption des livraisons vers l’Europe en janvier 2006.

Gazprom a promis que ses clients occidentaux, qui ont déjà fait savoir la semaine dernière qu’ils observaient la situation de près, ne seraient pas affectés cette fois. Environ 80% du gaz russe consommé par les pays membres de l’UE transite par l’Ukraine et 20% par le Bélarus.

 11/02/2008 16:19:23 – © 2008 AFP